Le poids léger du volant de badminton cache une lourde empreinte carbone

Au cours de cette semaine de compétition effrénée des Internationaux de France de badminton, nous prévoyons d’utiliser une armada de plus de 3.500 volants en plumes d’oie. Ces petites merveilles virevolteront sans relâche dans les airs, entrant en collision avec les raquettes des athlètes et se frayant un chemin entre les obstacles pour atteindre leur destination ultime : le terrain adverse. Les plumes d’oie, connaissant l’art de flotter gracieusement dans les courants d’air, conféreront une légèreté et une précision sans pareilles à ces volants. Précieux instruments de jeu, leur allure élégante ajoutera une touche de prestige aux matchs passionnés se déroulant à proximité de la belle ville de Rennes.

(Titre) Des milliers de volants utilisés lors des Internationaux de France de badminton

(Titre) L’empreinte environnementale du volant de badminton

(Titre) Le badminton, un sport populaire en Asie

(Titre) Les interrogations éthiques autour de l’utilisation de volants en plumes

(Titre) Des mesures prises pour réduire l’impact environnemental

(Titre) Des volants recyclés et transformés en mobilier design

Trente secondes et deux points. C’est approximativement la durée de la carrière professionnelle de ce volant utilisé lors du match de mixte entre la paire coréenne Seo-Chae et le double danois Thyrri-Magelund. Disputé en trois sets accrochés, ce 16e de finale des Internationaux de France de badminton a été remporté par les Scandinaves en un peu moins d’une heure.

Une heure au cours de laquelle 19 volants en plumes auront été utilisés. Un chiffre qui n’a rien d’anormal dans le tournoi qui se déroule d’habitude à Paris. Délocalisé à la Glaz Arena de Cesson-Sévigné, près de Rennes, l’événement offre un sacré spectacle. Jusqu’à dimanche, les meilleures joueuses et joueurs de badminton du monde s’affronteront dans l’espoir de conquérir ce tournoi doté d’un prize-money de 850.000 dollars, sponsorisé par Yonex.

Pour la marque japonaise, ces six jours de compétition sont une occasion immanquable d’imposer ses propres volants. L’an dernier, un total de 3.472 volants avaient été utilisés, soit 290 boîtes. Alors imaginez ce que cela donnera aux JO de Paris 2024.

« Sur l’année, je ne saurai même pas dire combien on en passe. On s’entraîne deux fois par jour, on joue tout le temps. Ce n’est pas quantifiable. Je crois que ça choquerait », reconnaît Thom Gicquel. Lucide, le meilleur joueur de mixte français admet qu’il ne pense « presque jamais » à la quantité qu’il utilise. « On est des princesses, surtout moi. Dès qu’il y a un petit truc sur une plume, je le change. Parfois, on le fait même pour casser le rythme d’un match », concède-t-il. Sa partenaire Delphine Delrue reconnaît qu’elle y réfléchit parfois. « Le problème, c’est qu’on a grandi avec la plume et qu’on ne peut pas faire autrement. Aujourd’hui, il n’y a pas d’alternative pour nous », explique la joueuse de 24 ans, éliminée mercredi, aux côtés de Thom Gicquel, en 16e de finale des IFB.

Précisons que les volants abîmés sont ensuite réutilisés pour des exercices d’entraînement ou donnés à des clubs. Dix millions de volants jetés chaque année, dont huit millions en plumes

Le badminton n’est pas le seul à « consommer » ainsi des projectiles. Le problème du volant, c’est qu’il est très fragile et qu’il intègre une partie animale qui pèse lourd dans l’empreinte environnementale de ce sport.

Conçu à partir de 16 plumes d’oie (plus qualitatives) ou de canard, le volant contient aussi du liège dans son bouchon, de la ficelle et une petite dose de colle pour maintenir le tout. Presque intégralement fabriqués en Asie, les projectiles capables de voler à plus de 400 km/h font l’objet d’une incroyable sélection avant de traverser le monde dans des cargos. Mais à quel prix ? Combien de volailles faut-il plumer pour satisfaire les exigences des badistes ?

En France, on estime que 10 millions de volants sont jetés chaque année, dont 8 millions en plumes et 2 millions en nylon.

Le badminton est un sport qui connaît une immense popularité en Asie, où il compte plus de 200 millions de licenciés dans le monde. En comparaison, la France peut sembler bien peu présente dans cette économie mondiale, bien qu’elle ait atteint un record de plus de 200 000 licenciés l’année dernière. Depuis l’épidémie de Covid-19, la pratique du badminton a littéralement explosé en Asie, ce qui a permis à certaines marques de connaître une forte croissance. Dans la plupart des pays asiatiques, le badminton est l’un des sports les plus populaires.

Il est intéressant de noter que l’utilisation de volants en plumes pose des questions d’éthique à ceux qui les utilisent. Par exemple, peut-on être végan et jouer au badminton en compétition ? En France, tous les matchs officiels doivent se jouer avec des volants en plumes si les joueurs sont classés au moins D9, ce qui correspond à un niveau départemental. Cela soulève des questions sur le bien-être animal, car les plumes sont prélevées sur les oies et les canards. Il y a peu d’informations disponibles sur les conditions d’élevage et sur la façon dont les plumes sont récoltées.

Le prix élevé des volants en plumes constitue un autre obstacle à leur adoption par les joueurs. Une boîte de 12 volants peut coûter entre 20 et 50 euros, ce qui représente un investissement important pour les compétiteurs réguliers. Certains estiment également que de nombreux joueurs amateurs passent trop rapidement à l’utilisation de volants en plumes, alors que le volant en nylon peut offrir une expérience de jeu satisfaisante.

Face à ces constatations, des mesures sont prises pour réduire l’impact environnemental du badminton. Par exemple, une société française recycle les volants en plumes pour les transformer en mobilier design. De plus, la Fédération française de badminton travaille sur des actions d’éducation pour sensibiliser les clubs et les entraîneurs aux enjeux environnementaux. Des volants recyclés et transformés en mobilier design permettent ainsi de donner une deuxième vie à ces objets auparavant jetés.

Il est clair que l’utilisation de volants en plumes dans le badminton soulève des questions éthiques et environnementales. Les joueurs, les marques et les organismes sportifs travaillent ensemble pour trouver des solutions durables et éthiques, tout en préservant l’intégrité et la qualité du jeu.

source originale : www.20minutes.fr
mode d’écriture : automatique par IA