C’est Julie Deliquet qui a inauguré la 77e édition du Festival d’Avignon avec la représentation de « Welfare », un film documentaire du réalisateur américain Frederick Wiseman. Cette œuvre immersive nous plonge dans le quotidien de personnes ayant recours à l’aide sociale et nous confronte ainsi à la triste réalité de la misère humaine. Si la représentation peut s’avérer longue et difficile pour certains, elle n’en reste pas moins une expérience forte et nécessaire pour comprendre la précarité de certaines populations. Julie Deliquet signe ici un choix de mise en scène audacieux qui nous interpelle et nous bouleverse.
Défendre les plus démunis avec « Welfare » de Julie Deliquet
La célèbre Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon était pleine d’attente et d’effervescence le mercredi 5 juillet dernier à l’occasion de l’ouverture de la 77e édition du festival d’Avignon. Le spectacle d’ouverture, « Welfare », a été mis en scène par Julie Deliquet, qui s’est inspirée d’un documentaire éponyme de Frederick Wiseman tourné dans les années 70 dans un bureau d’aide sociale new-yorkais. Cette pièce est un hommage poignant aux populations les plus précaires de la société américaine et à tous ceux qui luttent contre l’enfer administratif.
Quand l’aide aux plus démunis ne suffit plus
La pièce commence fort avec une scène où une mère de famille enceinte, avec plusieurs enfants à charge, et un mari qui a déserté le foyer, se voit refuser l’aide sociale tant attendue. Les documents fournis ne sont plus valables, les règlements ont changé et la précarité s’installe en elle. La tension monte, l’incompréhension aussi alors que les agents administratifs détectent une erreur. Pourquoi ces faiblesses administratives? Un ancien fonctionnaire, lui aussi jugé inapte à travailler après un séjour de sept mois à l’hôpital, se bat aussi pour ses droits.
Les personnages de cette pièce, qui est tirée d’un documentaire de Frederick Wiseman, sont tous des bénéficiaires de l’aide sociale. La pièce décrit sans concession leurs combats quotidiens pour obtenir des chèques d’une centaine de dollars qui ne sont pas payés parce que leur adresse a changé ou qu’ils n’ont pas les bons documents pour leur dossier. Ils sont tous vulnérables, abandonnés par leur famille ou leur société. Ces scènes rappellent que ces situations de précarité sont malheureusement réelles, présentes dans notre société. Cette pièce est un appel à tous les acteurs de la société à se mobiliser pour aider les plus démunis.
Un témoignage poignant, aussi brutal qu’émouvant
Cette pièce est un témoignage poignant et brutal sur la pauvreté et la précarité, tout en étant émouvante et touchante. La mise en scène de Julie Deliquet donne aux dialogues des personnages toute leur place. Ces dialogues captent toute notre attention et nous tiennent en haleine. Avec une grande brutalité, les mots sont assénés avec de fortes émotions dans la voix.
Les personnages sont tous sujets à la bureaucratie de l’administration et ils se battent pour leur survie. La confusion règne pour déceler l’erreur administrative ou l’erreur de service. Au milieu, les bénéficiaires s’enfoncent toujours plus dans la détresse et la pauvreté. Personne ne voit le bout du tunnel et l’attente kafkaïenne devient insupportable, tout comme la détresse de ces personnages touchants.
Un appel urgent à la mobilisation générale
Cette pièce est d’utilité publique, car elle montre avec précision les plus marginalisés de notre société. Alors que les problèmes de précarité se multiplient en France, elle est un appel urgent à la mobilisation générale. La souffrance de ces personnages doit toucher notre conscience collective. Ce spectacle prouve que l’aide sociale ne suffit plus et que les populations concernées ont besoin d’une mobilisation de tous pour sortir de la pauvreté.
« Welfare » de Julie Deliquet est une pièce exceptionnelle qui doit être vue et entendue. Elle est en tournée dans toute la France du 27 septembre au 15 octobre 2023 au Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis.