Les accusations quant à la responsabilité de l’anéantissement du barrage hydroélectrique de Nova Kakhovka le mardi 6 juin se multiplient entre les deux parties. Le Kremlin évoque un acte de sabotage intentionnel tandis que Kiev impute aux Russes un crime de guerre. La tragédie est perçue par chaque camp comme une opportunité d’affaiblir l’adversaire.
Suite à la catastrophe, l’Ukraine a pointé du doigt la Russie pour crime de guerre. En riposte, le Kremlin a évoqué un sabotage délibéré. La question se pose : qui avait intérêt à détruire le barrage de Nova Kakhovka ? D’un point de vue stratégique, l’eau s’échappant du barrage élargit le fleuve Dniepr, ce qui complique la contre-offensive ukrainienne. « En augmentant la largeur du Dniepr, cela devient bien plus difficile. Tous les ponts ont été détruits », explique Christophe Gomart, ex-directeur du renseignement militaire.
La Crimée, potentiellement menacée
Les images du barrage endommagé suggèrent une action de la part de la Russie. « Cela ne peut être provoqué que par une grande quantité d’explosifs (…) placés par l’armée russe qui contrôlait la zone », déclare Edouard Joly, spécialiste des conflits contemporains. Ce sont les forces russes qui occupent le barrage. Selon l’expert Edouard Joly, elles auraient détruit cette construction civile et juridique, même si cela affecte également leur propre territoire. « Les cibles civiles et les infrastructures font partie des cibles normales », ajoute-t-il. Cette situation pourrait menacer l’approvisionnement en eau de la Crimée.