Depuis douze ans, cette péniche sert d’hôpital de jour et est désormais à l’honneur dans un documentaire réalisé par Nicolas Philibert, intitulé « Sur l’Adamant ». Ce film, qui sortira en salles ce mercredi, a reçu la prestigieuse distinction de l’Ours d’or lors du festival de Berlin.
« Je viens cet après-midi pour être avec les amis, au bar. Jeudi, il y a un groupe de parole, c’est vraiment super. C’est plus intime, plus psychologique, on échange, on parle, on se livre un peu, c’est chouette. » Zodoit est patiente depuis deux ans et demi sur l’Adamant, une péniche hôpital de jour qui accueille, dans le 12e arrondissement de Paris, des patients atteints de troubles psychiques. Nicolas Philibert, réalisateur du film Être et avoir, a consacré un documentaire à cette péniche. Le documentaire Sur l’Adamant a été récompensé en février 2023 par l’Ours d’or au festival de Berlin et sortira dans les salles de cinéma le mercredi 19 avril.
Zodoit nous fait visiter les lieux et présente les ateliers, la cuisine et la salle de musique de cette péniche hors du commun. « Le piano est là, il y a des personnes qui viennent se poser, jouer, chanter. Il y a plein de livres, il y a toute une bibliothèque à l’intérieur avec des CDs, des DVDs qu’on peut louer! »
Les soignants et les patients ont visionné le film ensemble
Nous parcourons ensuite les bureaux ouverts à tous, où soignants et patients peuvent utiliser indifféremment tables, chaises et ordinateurs. « Je suis l’oiseau dont on déchire les ailes pour se les ajuster », chante Frédéric, qui puise l’inspiration dans une chanson de Lucid Beausonge. « J’ai squatté le bureau de quelqu’un. Si mon imagination travaille, j’essaie de surtout pas l’interrompre. Elle travaille toute seule, je dois simplement faire attention de ne pas la déranger quand elle travaille, pour qu’elle puisse s’exprimer en toute liberté », ajoute ce patient mélomane.
Les soignants et les patients sont allés voir ensemble le film dans une salle parisienne. Mamadi s’est donc découvert dans une scène où il se photographie avec le psychiatre qui le suit. « Au début, j’étais un peu indifférent à la sortie du film, mais après, j’ai trouvé ça intéressant, après le retour de mes pairs, qui me disaient que c’était une belle scène et donc j’ai appris à l’accepter et à me dire que ce n’était pas si mal, admet Mamadi. En fait, voilà, je suis bipolaire et prenez-moi comme je suis. »
« Pendant très longtemps, j’ai eu honte de mon handicap parce que je ne voulais pas que ça se sache. C’est comme si j’avais fait un coming-out ! » raconte Mamadi, patient de l’Adamant.
À la création de l’Adamant, l’Agence de santé avait émis des réserves, craignant qu’un bateau amarré sur la Seine n’incite certains patients au suicide. Douze ans après, aucun d’entre eux n’a franchi la balustrade.