Créés grâce à un groupement, ces marchands, reconnus par un emblème placé sur leur devanture, ont la possibilité d’héberger les personnes touchées par des violences liées à leur sexe ou à leur genre pour un moment de répit en toute sérénité, avant de céder leur place.
« Ne pas minimiser la responsabilité de l’agresseur et ne pas juger les choix et le comportement de la victime… » Voilà quelques-uns des conseils donnés lundi après-midi à une dizaine de bénévoles qui gèrent la boutique d’Artisans du Monde à Limoges, en Haute-Vienne. Le but est de rejoindre le dispositif « Lanterne », des commerces formés et identifiés par un logo en vitrine pour accueillir les victimes.
Ce dispositif a pour objectif de « faire face à toutes les violences sexuelles et sexistes dans l’espace public, mais aussi dans l’espace privé et de former les commerçants en cas d’agression », explique Angel, coordinatrice du collectif « Les Affolé-e-s de la Frange » à l’origine de l’initiative. Il existe un dispositif national « Demandez Angela », qui reprend le principe d’un réseau de commerçants partenaires, mais celui-ci ne concerne que le harcèlement de rue. Ici, une victime de violence conjugale, de racisme ou d’acte LGBTIphobe peut trouver de l’aide et être orientée auprès d’un commerçant partenaire.
Comment cela fonctionne-t-il ? « La personne se signale auprès du commerçant ou feint de faire des courses dans le magasin, et le commerçant vient à sa rencontre pour savoir comment il peut aider », précise Angel.
Former tout un réseau de commerçants
« Il s’agit simplement d’accueillir avec bienveillance, de protéger, de rassurer », explique Lisbeth Clerc, bénévole d’Artisans du Monde, à la fin de la formation. Les commerçants peuvent, si nécessaire, contacter « Les Affolé-e-s de la Frange », qui prendra en charge la victime pour l’accompagner dans un éventuel dépôt de plainte, une hospitalisation ou la recherche d’un hébergement d’urgence. « Je me sens légitime », déclare Lisbeth Clerc après ces trois heures de formation.
Savoir accueillir une victime, désamorcer une situation violente si l’agresseur est présent, et connaître le contexte des violences sexuelles et sexistes sont au programme des échanges entre commerçants et formatrices. Ces conseils permettent de se sentir légitime, et avec la formation à venir d’autres commerçants à proximité : « On n’est pas seul », se rassure Lisbeth Clerc.
À quelques rues de là, dans une rue commerçante et piétonne du centre-ville, Vincent Le Goff, gérant du magasin « Temple du jeu », est l’un des trois commerçants déjà formés. S’il n’a pas encore été sollicité, il admet que « le harcèlement de rue existe à Limoges comme dans d’autres villes ». « Certains commerçants sont venus me voir après la formation pour savoir comment cela s’était passé, ce qu’il fallait faire », affirme-t-il. Près de « 350 commerces de Limoges et de sa métropole » ont demandé à être formés, selon Angel, qui espère pouvoir en former le maximum avant la rentrée.
Le prochain objectif sera de faire connaître l’existence de ce réseau à la population en général.