Pour ceux qui sont accros au HHC et qui éprouvent des difficultés à s’en séparer, le docteur en psychiatrie Nicolas Authier tient à les rassurer : « Ce n’est pas fatal. C’est extrêmement désagréable. Toutefois, cela disparaît en l’espace de quelques jours. »
L’interdiction du HHC ne va pas seulement « empêcher totalement l’accès, mais ça le restreint considérablement », selon le professeur Nicolas Authier, psychiatre et responsable du service de pharmacologie médicale au CHU de Clermont-Ferrand, spécialiste de l’usage médical du cannabis. Cette déclaration intervient après que le ministre de la Santé François Braun a annoncé l’interdiction de l’hexahydrocannabinol (HHC) classé comme stupéfiant par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
D’après Nicolas Authier, cette interdiction « pourrait permettre de diminuer les risques associés à cet usage ». Le produit sera « plus difficile à obtenir » et il y aura « moins de personnes qui essaieront ». Quant aux personnes qui deviennent addictes et qui ont du mal à s’en passer, le psychiatre se veut rassurant : « Ce n’est pas mortel. C’est très inconfortable. Mais cela se dissipe en quelques jours. »
Interrogé sur la dangerosité du HHC, Authier explique que ce produit imite les effets du THC, la substance psychoactive du cannabis. Il présente donc les mêmes risques potentiels, tels que des risques neurologiques, psychiatriques et cardiovasculaires. Le danger réside moins dans la surdose (car on ne meurt pas d’une surdose de cannabis ou de cannabinoïdes) que dans les effets indésirables et les complications, surtout si la substance est puissante et que le dosage est incorrect.
Il n’existe pas encore de données statistiques solides sur les hospitalisations liées à la consommation de ce produit. Cependant, des cas ont été signalés au réseau français d’addictovigilance, qui travaille pour l’Agence du médicament et qui rapporte les complications liées aux drogues, y compris les cannabinoïdes de synthèse comme le HHC.
Pour Authier, classer le HHC comme stupéfiant n’est pas la solution idéale, car cela ne supprime pas totalement l’accès au produit, mais cela le limite considérablement et cela pourrait permettre de diminuer les risques associés à son usage. Le marché actuel du HHC n’est de toute façon pas contrôlé : le produit est vendu sur le marché noir, qui s’appuie sur le marché légal du cannabis de « bien-être » (CBD). La qualité du HHC n’est pas garantie et l’interdiction ne changera pas grand-chose à cet égard. Cependant, la disponibilité du produit sera moindre, ce qui pourrait conduire à moins d’expérimentation et de dépendance à cette substance.
En ce qui concerne les consommateurs actuels qui pourraient ressentir un manque après l’interdiction, Authier précise que la plupart d’entre eux sont déjà des consommateurs de cannabis avec du THC et ont déjà développé une accoutumance aux cannabinoïdes. Certains pourraient alors se tourner à nouveau vers du cannabis illégal contenant du THC. Authier encourage ces personnes, ou leur entourage, à se tourner vers des structures de soutien telles que les consultations de jeunes consommateurs, les consultations d’addictologie ou les centres de soins spécialisés, qui offrent des consultations anonymes et gratuites. Il insiste sur le fait que l’arrêt du HHC n’est pas mortel, mais qu’il peut être très inconfortable et entraîner de l’anxiété, des troubles du sommeil, des tremblements et de la transpiration. Néanmoins, ces symptômes disparaissent généralement en quelques jours.