Le projet de création d’un portefeuille numérique européen est sur le point de se concrétiser en France l’année prochaine, sous l’égide de l’EPI, soit l’Initiative Européenne sur les Paiements. Cet enjeu revêt une grande importance en termes de souveraineté à l’échelle européenne et vise à établir un nouvel équilibre face aux mastodontes tels que VISA, Mastercard et les acteurs récemment arrivés sur le marché tels qu’Apple Pay.
Pour les consommateurs européens, la grande nouveauté sera l’introduction d’un portefeuille numérique pour toutes les dépenses quotidiennes, grâce au paiement instantané au cœur du projet EPI. Ce portefeuille numérique, représenté par votre smartphone, portera une marque unique dans toute l’Europe. L’objectif sera donc d’établir cette marque européenne en plus des acteurs traditionnels tels que VISA et Mastercard, ainsi que des nouveaux venus provenant des géants de la technologie: Paypal, Apple Pay, et Google Pay.
Nouvelle base technique et nouveau standard
Le changement majeur se trouve dans la partie invisible, au niveau de l’infrastructure. La base de ce projet est également une base technique qui doit devenir un nouveau standard de paiement, sur lequel toutes les banques s’accordent. C’est pourquoi le nombre de partenaires bancaires a fluctué : de 22 banques en novembre 2021, elles ne sont plus que 16, grâce à quatre renforts récents, dont six banques françaises. Cette situation explique en grande partie le recentrage du projet annoncé fin avril.
En effet, un aspect majeur a été abandonné en cours de route: le volet « carte bancaire », suite à plusieurs défections de banques importantes dans leurs pays respectifs, notamment en Espagne. De plus, beaucoup craignaient des complications liées à la mise en place d’une nouvelle infrastructure technique, de nouveaux terminaux de paiement chez les commerçants, des distributeurs de billets à mettre à jour ou à remplacer, ainsi que le remplacement de toutes les cartes bancaires des clients. Le processus aurait pris au moins cinq ans.
Reconquête de la souveraineté européenne
Il ne faut pas oublier l’échec du projet Monnet en 2012, qui visait à créer une carte de paiement européenne. Même si le projet EPI est revu à la baisse, il peut être considéré comme une première étape dans la reconquête de la souveraineté européenne sur la monétique grâce à ce portefeuille numérique unique.
Le calendrier prévoit que la France et l’Allemagne seront les deux premiers pays à tester ce portefeuille numérique, si tout se passe bien dès la fin de l’année, avec des paiements entre particuliers dans un premier temps. En France, cela passera par le service de BNP Paribas « Paylib entre amis » et ses 30 millions d’inscrits. Un déploiement global est prévu l’année prochaine en France, en Allemagne et en Belgique. Par la suite, le reste des pays européens adoptera le dispositif, qui inclura les paiements de particulier à professionnel, les achats en ligne et les paiements chez les commerçants.
