Plan des députés PS : Reconstruire l’hôpital public et renoncer à la vision libérale

Au cœur de la controverse à l’Assemblée nationale concernant les zones défavorisées sur le plan médical, le groupe socialiste à l’Assemblée s’apprête à révéler un « projet visant à rétablir l’hôpital public ». Ce rapport, que franceinfo a eu l’opportunité de consulter en exclusivité, a pour objectif de « redonner l’enthousiasme aux professionnels de la santé pour exercer leur métier ». Il s’agit du point politique abordé par Jean-Rémi Baudot.

Il s’agit d’un dossier d’une quinzaine de pages. Les députés socialistes (PS) vont dévoiler mercredi un « plan pour reconstruire l’hôpital public », que franceinfo a consulté, au moment où l’Assemblée nationale examine un projet de loi pour lutter contre les déserts médicaux. Selon ce plan, que franceinfo révèle en exclusivité, le but est de « redonner aux soignants l’envie de soigner ».

Dans ce document, qui sera publié mercredi avec la Fondation Jean Jaurès, le groupe Socialistes et Apparentés de l’Assemblée nationale dresse un bilan sévère sur l’hôpital. Selon les auteurs de ce plan, le système actuel « rompt l’égalité devant l’accès aux soins et la sécurité des patients ». Les députés soulignent les symptômes qui montrent le malaise de l’hôpital : problèmes aux urgences, fermetures de lits, absences maladie, et dégradation des conditions de travail. Les socialistes dénoncent « les mesures largement insuffisantes » prises par le gouvernement au cours des dernières années.

« Sortir de l’approche libérale de l’hôpital »

Pour renverser la situation, les socialistes recommandent d’abord d’augmenter les salaires, y compris pour les agents administratifs qui n’ont pas toujours profité des primes du Ségur de la santé. Ensuite, le plan suggère d’augmenter le numerus clausus de 50% et de repenser la formation des soignants en introduisant davantage de sélection pour réduire les abandons parmi les futurs infirmiers et aides-soignants.

Enfin, rappelons que le gouvernement a récemment durci la loi. Les députés PS proposent également d’étendre les mesures concernant les intérimaires. Les socialistes veulent encore réduire les barèmes et appliquer une durée maximale de travail pour les intérimaires, mais seulement après que les salaires de tous les soignants auront été augmentés. Le groupe socialiste souhaite également aller plus loin sur les intérimaires, alors que le gouvernement a récemment durci la loi : baisse des barèmes et un temps de travail maximal, mais uniquement après que les salaires de tous les soignants auront été augmentés.

Un programme du PS pour se préparer à gouverner ?

Évidemment, ces propositions ont un coût. Rien que la partie du plan concernant les soignants s’élève à 7 milliards d’euros par an. Au total, ce plan est estimé à près de 17 milliards d’euros par an. Pour le financer, les députés suggèrent une taxe sur les superprofits des laboratoires, ainsi que l’arrêt de certaines exonérations de cotisations sociales. Les auteurs du plan revendiquent la nécessité de dépenser davantage. « Il faut sortir de la vision libérale qui a présidé à la gouvernance de l’hôpital », explique le député PS du Calvados Arthur Delaporte. Il plaide également pour une loi de programmation de santé à l’image de ce qui existe pour l’armée ou l’éducation.

Il convient de préciser que ce n’est pas un plan Nupes, ce sont les députés socialistes et apparentés qui signent le document. L’objectif du PS avec ce plan pour l’hôpital est d’essayer de peser dans le débat. Les socialistes ont souvent été accusés de ne pas avoir suffisamment travaillé ces dernières années. Au cours des prochains mois, ce projet sur l’hôpital va être utilisé par morceaux, sous la forme d’amendements, notamment dans le prochain budget de la sécurité sociale (PLFSS). Et certains rêvent déjà plus loin. Comme le dit un responsable socialiste : « Ça doit nourrir la base programmatique du PS, pour le jour où l’on reviendra aux responsabilités ».