En milieu rural en France, on observe la disparition d’un tiers de la population d’oiseaux. Depuis trois décennies, en région Bourgogne, des chercheurs étudient l’impact des diverses méthodes agricoles sur cette situation.
Jérôme Moreau travaille en tant que chercheur à l’Université de Bourgogne. Chaque matin, dans la Zone Atelier Plaine Val de Sèvres située dans le département des Deux-Sèvres, il attrape des oiseaux avec l’aide de filets et étudie leur comportement. « Plus un oiseau est actif et se défend face à notre présence, plus il investit de l’énergie dans ses actions », explique le chercheur. Les oiseaux sont ensuite soumis à une série de tests, comprenant la mesure, la pesée et la pose de bagues d’identification. Ces tests sont réalisés sur plus de mille oiseaux vivant près de champs cultivés, certains en agriculture biologique, d’autres en agriculture conventionnelle. Cette expérience est la première du genre en France. Depuis 30 ans, des chercheurs collaborent avec plusieurs centaines d’agriculteurs pour étudier l’impact des pesticides sur les insectes et les oiseaux ainsi que sur les rendements agricoles.
Une diminution du nombre d’oiseaux
Jérôme Moreau indique que les oiseaux capturés dans les zones entourées d’agriculture conventionnelle sont beaucoup moins actifs, se débattent moins et chantent moins (« ils crient moins« ). De plus, les populations d’oiseaux ont diminué d’environ un tiers en 15 ans. Cette baisse est due au manque d’insectes dont les oiseaux se nourrissent dans les plaines agricoles.
Vincent Bretagnolle, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), étudie les conséquences de l’utilisation des pesticides et des engrais sur la biodiversité. Selon lui, « les herbicides détruisent la flore, ce qui élimine de nombreuses espèces de fleurs sauvages des champs conventionnels, tandis que les insecticides exterminent les insectes« .