Chaque matin, Marie Dupin se métamorphose en incarnant une célébrité, en relatant un évènement, en décrivant un endroit ou en faisant part d’un fait marquant au centre des nouvelles du jour.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est peu connue du grand public. Cependant, elle joue un rôle essentiel dans la vie quotidienne des consommateurs. C’est l’Anses qui accorde les autorisations de commercialisation des pesticides, biocides et médicaments vétérinaires. Par exemple, elle est responsable de l’approbation ou non des produits utilisés par les agriculteurs, tels que le célèbre glyphosate.
C’est aussi grâce à l’Anses que le bisphénol A a été interdit dans les biberons, que l’Union européenne a reconnu le caractère cancérigène du dioxyde de titane et que des avertissements ont été donnés concernant les risques liés à la consommation de charcuterie ou de lait cru pour les jeunes enfants.
L’Anses est visée par le ministère de l’Agriculture
Il y a quelques jours, l’Anses a publié un rapport sur la pollution de l’eau potable par un pesticide interdit. Elle a également demandé l’interdiction d’un autre produit phytosanitaire, le S-Métalochlore, responsable d’une pollution massive des nappes phréatiques. Cette décision a été contestée par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau lors du congrès de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le principal syndicat agricole français.
Une information publiée dans un article de journal affirmait que l’Anses aurait « interdit unilatéralement » l’utilisation d’un insecticide, le phosphure d’aluminium, qui dégage un gaz très toxique, la phosphine, utilisé pour traiter les cargaisons de céréales dans les cales des bateaux. Suite à cette publication, la presse s’est emparée du sujet et cinq questions ont été posées au ministre de l’Agriculture par des députés de l’opposition.
Selon ces informations, l’Anses mettrait en danger toute la filière céréalière. Or, cela est faux. L’Anses n’a pas interdit la fumigation des cargaisons, elle a même ré-autorisé l’utilisation du phosphure d’aluminium. Cependant, désormais, les professionnels ne seront plus autorisés à mettre les céréales en contact direct avec ce produit, simplement parce qu’aucun dossier d’homologation pour cette utilisation n’a été déposé, comme le prouve un courrier consulté par Franceinfo.
Dans ce courrier, l’industriel lui-même atteste qu’en mettant les céréales en contact direct avec la phosphine, « les résidus de pesticides » sont « égaux ou supérieurs aux limites maximales » sanitaires fixées par l’Union Européenne. En d’autres termes, les risques pour les consommateurs sont trop importants.
L’Anses a donc simplement appliqué le droit et ne pouvait autoriser un produit sans dossier d’homologation en bonne et due forme. Toutefois, ce qui est surtout retenu est l’attaque du rôle de vigie de l’Anses face à l’effondrement de la biodiversité. Un rapport publié récemment appelait à renforcer l’indépendance de l’Anses vis-à-vis des politiques. Apparemment, le message n’a pas été entendu par le ministère de l’Agriculture.