Les partisans et les opposants à la réforme des retraites reprennent du service pour l’étude du projet de loi Liot en commission à la Chambre des députés. La majorité a conçu une stratégie pour saboter le document et pour ne pas avoir à l’approuver lors du vote en séance plénière le 8 juin. Cela agace profondément les groupes politiques adverses.
« C’est inadmissible, une tentative de coup de force, du braquage démocratique ». Les actions de dernière minute du gouvernement cherchant à empêcher l’examen à l’Assemblée nationale de la proposition de loi Liot pour l’abrogation du report de l’âge légal à 64 ans irritent le leader de La France insoumise, Manuel Bompard.
En effet, la majorité envisage de supprimer l’article principal du texte Liot mercredi en commission, où le rapport de force lui semble plus favorable que dans l’hémicycle, grâce au soutien des Républicains. Si elle réussit, le groupe Liot devra réintroduire sa mesure par un amendement avant le 8 juin. Ce scénario permettrait à la présidente de l’Assemblée de brandir elle-même le couperet de la recevabilité financière et d’empêcher ainsi un vote dans l’hémicycle.
Parmi les huit députés Les Républicains de la commission, un député favorable à la réforme remplace même aujourd’hui un député contre la réforme, ce qui agace la cheffe des écologistes, Cyrielle Chatelain : « Ils sont en train d’essayer toutes les ficelles possibles et imaginables pour faire en sorte que ce ne soit pas débattu à l’Assemblée, au sein de l’hémicycle. Ça prouve qu’ils sont très inquiets », ironise-t-elle.
« On change les gens pour être sûrs que les personnes qui viennent siéger votent bien la bonne chose. »
à franceinfo
Si la majorité parvient à éviter le vote dans l’hémicycle, « il y aura des conséquences », promet le député Liot, Charles de Courson. « Ce qu’ils ne mesurent pas à mon avis totalement, ce sont les conséquences politiques d’un tel comportement, car une motion de censure finira par être votée. J’appelle la minorité présidentielle et le gouvernement à bien réfléchir », ajoute-t-il.
De son côté, Bertrand Pancher, chef de file de Liot, a envoyé une lettre à Emmanuel Macron pour dénoncer les « manœuvres » du camp présidentiel. « Nous vous demandons, en responsabilité, de laisser les députés voter et de respecter le fait démocratique », écrit-il. Alors, Liot finira-t-il par déposer une motion de censure ? « Nous le verrons. À chaque jour suffit sa peine », répond Charles de Courson. La première épreuve aura donc lieu mercredi matin avec les quelque 70 députés de la commission des Affaires sociales.