Le réalisateur de documentaires aborde des thèmes divers et variés, et s’intéresse notamment aux adultes atteints de troubles psychiques qui résident à l’Adamant, un établissement amarré près du Jardin des Plantes à Paris.
Depuis « Être et avoir » (2002), qui traitait d’une classe unique de la maternelle au CM2, Nicolas Philibert a réalisé sept films. Le 19 avril dernier, il a présenté « Sur L’Adamant », un documentaire consacré à la psychiatrie, distingué de l’Ours d’Or lors du dernier Festival de Berlin. Aujourd’hui, le secteur de la psychiatrie en France fait face à une déshumanisation et à une pénurie de soignants. L’expérience offerte par ce centre de séjour est donc une belle surprise.
La Bombe humaine
Suivant le réalisateur Nicolas Philibert, l’Adamant est présenté comme un espace libre et ouvert, un bâtiment flottant situé Quai de la Rappée à Paris. L’intérieur est spacieux et lumineux grâce à de larges baies vitrées qui offrent une vue imprenable sur la Seine, le pont Charles-de-Gaulle et la gare d’Austerlitz. Ici, des personnes souffrant de troubles mentaux, comme Pierre, Paul ou Jacqueline, viennent passer quelques heures, un après-midi ou même une journée. Accompagnés de professionnels de santé, ils partagent leurs expériences, parlent de leurs activités, de leur moral et de leur traitement dans un espace convivial.
Certains patients chantent, jouent d’un instrument ou peignent. Tous s’expriment dans un langage incroyablement riche et sensible, conscients de leur état mais parvenant à le maîtriser. La scène d’ouverture où un patient chante « La Bombe humaine » du groupe Téléphone est particulièrement marquante, avec une interprétation poignante des paroles « faut pas que j’me laisse aller! ».
Psychiatrie participative
Dans « Sur L’Adamant », un patient parle de l’accueil des « fous » sur le bateau, employant un terme qui n’est plus politiquement correct. Un autre partage sa passion pour la musique en tant que compositeur, parolier, multi-instrumentiste et interprète talentueux. Nicolas Philibert ne met pas ses protagonistes en scène ni ne les interroge : ils parlent avec leur propre voix, leur art oratoire, musical ou plastique, avec une spontanéité libératrice et communicative.
Leurs facultés d’adaptation sont également mises en avant lorsqu’ils participent ensemble à la gestion des comptes de l’Adamant. Les médicaments ne sont pas ignorés, et le chanteur de Téléphone reconnaît que sans eux, il ne pourrait pas se contrôler. L’expérience de l’Adamant rappelle celle de la clinique de La Chesnais en Loir-et-Cher, ouverte dans les années 70 et mondialement reconnue pour avoir révolutionné l’approche des patients grâce à une psychiatrie participative orientée vers la libération de la parole et les arts.
Les informations clés
Genre : Documentaire
Réalisateur : Nicolas Philibert
Pays : France / Japon
Durée : 1h49
Sortie : 19 avril 2023
Distributeur : Les Films du Losange
Synopsis : L’Adamant est un centre de jour unique en son genre : un bâtiment flottant sur la Seine, en plein cœur de Paris. Il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques et leur propose un cadre de soins structurant pour les aider à renouer avec le monde et à retrouver de l’énergie. L’équipe qui anime ce centre résiste autant que possible à la détérioration et à la déshumanisation de la psychiatrie. Le film invite le spectateur à monter à bord et à rencontrer les patients et les soignants qui y vivent au quotidien.