Un essai visant à fournir des solutions aux autres événements, confrontés à des dépenses supplémentaires liées aux équipements, en plus d’une conjoncture difficile pour le domaine durant cette saison estivale.
Le rideau se ferme sur le festival Marsatac ! La 25ème édition a clos ses portes dimanche soir dans le Parc Borély à Marseille (Bouches-du-Rhône). De grands artistes ont animé la scène, parmi lesquels Aya Nakamura, Gazo, PLK ou Hamza. Les coulisses du festival, quant à elles, ont été le théâtre d’une expérience très intéressante.
Une technologie avancée et des relevés en temps réel ont permis de limiter le niveau sonore des concerts, afin de se conformer à un décret récent peu adapté aux festivals en plein air. Cette expérimentation pourrait apporter des solutions aux autres festivals.
Un festival entouré d’habitations
Les styles musicaux hip-hop et électro sont souvent accompagnés d’infra-basses. Angélique Duchemin, directrice de l’association « Agissons », explique : « Ces fréquences se propagent très facilement et très loin dans l’environnement. Nous sommes confrontés à des défis techniques pour les concerts en plein air et donc pour notre profession. »
Lorsque Marsatac a emménagé il y a deux ans dans le Parc Borély, entouré d’habitations, les plaintes des riverains ont rapidement suivi. C’est pourquoi dès l’année suivante, le festival marseillais a décidé de tester une approche expérimentale. Béatrice Desgranges, directrice du festival, indique : « Ça ne concerne pas seulement la diffusion du son sur nos scènes, mais aussi les questions d’acoustique, et la bonne compréhension des équipements de diffusion sonore qui ne sont pas adaptés aux exigences de la réglementation. »
Des ajustements tout au long du festival
Le décret son, publié en avril, fixe une limite en décibels du volume à ne pas dépasser, peu compatible avec un festival en plein air : « Appliquer simplement la loi, c’est une gageure », déplore Béatrice Desgranges.
Le festival a donc dû investir plusieurs dizaines de milliers d’euros pour notamment construire des « lignes d’annulation » des infra-basses, avec plusieurs rangées d’enceintes face à la grande scène. Jacky Lévêque, responsable du comité scientifique, explique : « Les subwoofers sont tous espacés d’une manière particulière pour éviter au maximum les révérbérations. Si vous vous retournez, vous pouvez voir une deuxième ligne de subs. Pour vous donner une idée, entre hier soir et ce soir, il y aura des différences sur l’audience, car des mesures ont été faites. »
Des mois de travail et des dizaines de personnes mobilisées
Avec son carnet remplit de notes, Carol Meyer, la directrice du festival Art Rock à Saint-Brieuc, est très attentive à ce qui se passe : « C’est un véritable enseignement pour tous les festivals car Marsatac est précurseur en la matière. Nous, à Art Rock, nous sommes particulièrement concernés car nous sommes en centre-ville, entourés d’habitations, donc la problématique est bien réelle. Toutes les initiatives visant à réduire au maximum l’impact sonore sont les bienvenues. »
Mais cela représente beaucoup de travail pour Béatrice Desgranges, la directrice de Marsatac : « Ce sont des mois de travail, des dizaines de personnes mobilisées, et d’énormes ressources qui viennent alourdir la charge financière des festivals. » En effet, le non-respect de la réglementation aurait pu entraîner l’interdiction de concerts après 21 heures – une perspective dont le secteur aurait difficilement pu se remettre cette année.