Lycées professionnels : enseignants désemparés par suppression de filières tertiaires

L’issue de quelques disciplines suite à la révision du lycée professionnel, en particulier les domaines du secteur tertiaire, préoccupe les enseignants impliqués qui ignorent quelle sera leur situation future.

Deux semaines après la présentation de la réforme du lycée professionnel par Emmanuel Macron, les annonces suscitent toujours l’inquiétude et le mécontentement chez la majorité des enseignants de ces établissements, en particulier ceux concernés par les fermetures de filières à venir. Le président a notamment ciblé les spécialités gestion, administration, vente, commerce et accueil comme étant les moins « insérantes », c’est-à-dire celles où les élèves peinent à trouver un emploi directement après.

Laurence Robert, 57 ans, enseigne la gestion et l’administration à Joigny, dans l’Yonne. Depuis quelques jours, elle et ses collègues se posent de nombreuses questions : « Malheureusement, la majorité des collègues en gestion-administration ont un âge compris entre 50 et 62 ans. Elles voient donc ça avec angoisse et se demandent quoi faire. Se reconvertir maintenant ? Mais c’est un peu tard. Les collègues les plus jeunes, les moins de 40 ans, sont déjà fortement incités par les proviseurs à se réorienter dès maintenant, et ne pas attendre à passer d’autres concours. »

Un sentiment de mépris

« La grosse inquiétude, c’est pour les collègues de mon âge où franchement, là, on est à la limite du désespoir », ajoute l’enseignante. Le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye évoque la possibilité de se former pour devenir professeur de collèges ou dans les écoles. Mais pour Laurence, cela témoigne d’une méconnaissance et d’un mépris. « Les compétences ne sont pas les mêmes », déplore-t-elle. « Franchement, ce n’est pas considérer les collègues professeurs des écoles, ni considérer les élèves. »

« Moi, je ne sais pas apprendre à écrire à des élèves, Je n’ai jamais fait ça et ça n’a pas été mon métier du tout. J’avoue que les collègues sont à bout. On est complètement désemparés face aux reconversions proposées. », déclare Laurence Robert, enseignante en lycée professionnel, à Franceinfo.

« Les professeures sont terriblement angoissées »

Dans ces filières menacées, les enseignants sont surtout des femmes, en fin de carrière. Le syndicat Snetaa-Force ouvrière estime à environ 800 le nombre de professeurs qui devront se reconvertir. Pascal Vivier, secrétaire général du syndicat, reçoit beaucoup d’appels de collègues paniqués : « Depuis les annonces du président de la République, les professeures, principalement du secteur tertiaire, sont terriblement angoissées de savoir ce qu’elles vont devenir. Donc, il faut du calme et de la tranquillité ! »

« Arrêtons les provocations ! Déjà, écoutons ces personnels et il faut surtout beaucoup d’empathie pour ces professeurs qui ont rendu tout ce qu’ils pouvaient comme service aux élèves les plus en difficulté. », ajoute Pascal Vivier, syndicat Snetaa-Force ouvrière, à Franceinfo.

Le nombre de personnes qui devront se reconvertir est pour l’instant impossible à préciser. Le désarroi est d’autant plus grand pour les enseignantes qui avaient déjà dû se reconvertir il y a quelques années, lorsque l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer avait également fermé des filières du secteur tertiaire.