L’objectif du projet de loi présenté par Frédéric Valletoux et discuté par les parlementaires à compter de ce lundi est de garantir l’accès aux soins pour l’ensemble de la population malgré la baisse continue du nombre de médecins.
« Il est nécessaire d’imaginer de nouvelles manières de favoriser la collaboration entre les différents acteurs sur les territoires », a plaidé Frédéric Valletoux, député (Horizon) de Seine-et-Marne et rapporteur de la proposition de loi sur l’accès aux soins débattue à l’Assemblée nationale. Plus de 10 millions de Français n’ont pas de médecin traitant et éprouvent des difficultés pour se soigner.
« Nous savons que, dans les cinq ou dix années à venir, il y aura davantage de médecins qui quitteront la profession (notamment en raison de la retraite) que de jeunes professionnels qui s’installeront. C’est cette problématique démographique qu’il faut tenter de surmonter en recherchant de nouvelles manières de favoriser la collaboration entre les différents acteurs sur les territoires », a expliqué le député de la majorité. D’autant plus que les dix prochaines années « seront encore plus difficiles » pour l’accès aux soins, prévient-il.
Davantage de gardes, mais pas de contraintes à l’installation
Frédéric Valletoux souhaite que les médecins des cliniques privées participent davantage aux gardes la nuit et le week-end. « 87 % de la permanence des soins est assurée par les hôpitaux, 13 % par le secteur privé. Je ne dis pas que le privé ne fait rien, mais il faut rééquilibrer entre public et privé », estime-t-il. Cependant, pour David Taupenot, médecin généraliste à Clamecy, dans la Nièvre, l’un des départements les plus touchés par les déserts médicaux, « on ne verra pas l’impact de ces mesures sur notre quotidien ». Selon lui, cela s’explique par le fait que la Nièvre « n’a pas de cliniques (…), la plus proche se trouve à Auxerre » dans l’Yonne.
Faut-il réinstaurer une obligation de garde pour les médecins de ville, alors que seulement 40 % des professionnels y participent ? Il est nécessaire de « faire augmenter ce chiffre de 40 % », mais « on restera sur la base du volontariat », répond le député. « La contrainte engendre des tensions. Cette réforme, comme toutes les réformes de la santé, ne réussira que si nous parvenons à embarquer les professionnels dans le projet », explique-t-il.
Des députés ont déposé un amendement pour limiter la liberté d’installation des médecins. Dans les zones les mieux pourvues, un médecin pourrait s’installer uniquement s’il remplace un confrère qui déménage ou qui prend sa retraite. « Je serais favorable à cette mesure, lorsque nous disposerons réellement d’un nombre important de soignants à installer sur notre territoire. Répartir différemment le peu de force médicale que nous avons ne rendra aucun territoire riche en médecins », a-t-il expliqué. David Taupenot, responsable du syndicat MG France dans la Nièvre, exprime toutefois son opposition à une telle mesure. Selon lui, les députés « ne prennent pas en compte la situation personnelle et familiale des médecins concernés ». Il affirme ne pas être « favorable à la contrainte ».
Le gouvernement a supprimé le numerus clausus qui limitait les places en école de médecine, mais il faudra attendre des années avant que les futurs médecins ne s’installent dans les cabinets. « En attendant, nous trouvons d’autres manières de travailler », assure Frédéric Valletoux, qui souhaite « avec les professionnels, avec les médecins » inventer « un système pour mieux répartir cette charge de travail ». Il reste confiant pour l’avenir : « Nous saurons trouver des solutions et éviter les erreurs du passé. »
David Taupenot, du syndicat MG France dans la Nièvre, affirme pour sa part qu’il a d’abord besoin « de ne pas être stressé par la situation, d’avoir un équilibre personnel. Ce n’est pas propre à la médecine d’avoir des revendications liées à la prise en compte de la qualité de vie personnelle ».