Liban: Visite de Jean-Yves Le Drian au sérail beyrouthin pour renforcer les liens

L’émissaire personnel du chef de l’État français, Emmanuel Macron, en la personne de Jean-Yves Le Drian, entame sa mission à Beyrouth ce mercredi. Le but principal est de permettre la tenue de l’élection d’un nouveau président au Liban, suite à plusieurs mois de paralysie politique.

Jean-Yves Drian, ex-directeur du Quai d’Orsay, se trouve confronté à une situation politique totalement paralysée au Liban où les enjeux locaux, régionaux et internationaux entravent l’élection d’un nouveau résident au Palais de Baabda depuis octobre 2022.

Arrivé sur place, l’émissaire personnel du président de la République entame, mercredi 21 juin, une série de rencontres afin de mesurer l’ampleur de cette impasse politique. Le parlement libanais a déjà échoué 12 fois à élire un successeur à Michel Aoun. La mission de Jean-Yves Le Drian semble impossible, mais il possède tout de même quelques atouts. Il est familiarisé avec les personnalités politiques libanaises qu’il a côtoyées en tant que ministre des Affaires étrangères et jouit d’un certain soutien international. La France est reconnue pour son rôle historique prépondérant dans la gestion des affaires libanaises.

Lors de la rencontre entre Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman à l’Élysée vendredi dernier, les deux leaders ont appelé à « mettre rapidement un terme à la vacance politique » . Compte tenu de la normalisation en cours des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, des changements pourraient intervenir à Beyrouth. Néanmoins, Jean-Yves Le Drian devra faire preuve de patience dans l’accomplissement de sa mission.

## Un consensus introuvable?

L’impasse actuelle découle du mode de gouvernance politique au Liban qui repose sur une « démocratie consensuelle ». Le Président de la République, un poste réservé aux maronites, n’est pas élu au suffrage universel direct mais par l’ensemble des 128 députés, ce qui signifie qu’il doit obtenir l’aval des chrétiens et des parlementaires musulmans. Cependant, le parlement est divisé entre le camp des souverainistes, anti-syriens et anti Hezbollah, qui propose Jihad Azour, un membre du FMI, et celui proche du parti de Dieu allié à des forces chrétiennes qui soutient la candidature de Sleiman Frangié, un baron politique local proche de Bachar Al-Assad.

Paradoxalement, la France a appuyé cette candidature Frangié en l’associant à la nomination d’un nouveau Premier ministre sunnite. Cette solution « 2 en 1 » a rapidement échoué. Désenchantés, les Libanais accueillent Jean-Yves Le Drian avec fatalisme et indifférence, ne se faisant guère d’illusions quant à ses chances de réussite. Ce qu’ils attendent vraiment avec impatience, c’est l’arrivée d’un à deux millions d’expatriés libanais qui vont débarquer cet été à Beyrouth, les valises remplies d’argent liquide, apportant un souffle nouveau à une économie locale en plein marasme. Une manière aussi de leur remonter le moral, même si ce n’est que pour le temps d’un été.