Le pouvoir turc utilise une série pour condamner un opposant emprisonné : « Metamorfoz »

La série télévisée émise par la chaîne publique prête foi aux allégations portées à l’encontre d’Osman Kavala, philanthrope turc, qui s’opposait à Erdogan et qui a été incarcéré en 2017. Le programme en question laisse entendre que les accusations de ce dernier seraient fondées, renforçant ainsi le discours et les actions du gouvernement en place. La diffusion de cette série participe donc à la construction d’une certaine forme de propagande, tentant de démontrer la justesse des actes posés par l’exécutif turc vis-à-vis de ses opposants supposés. Cette manière de présenter les événements s’inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par la violence et la répression des voix discordantes.

Le pouvoir turc continue à user de moyens insidieux pour faire taire toute opposition, dussent-ils être aussi sournois qu’une nouvelle série télévisée politique comme «Metamorfoz». Cette énième manœuvre contre le philanthrope Osman Kavala, qui d’ailleurs est aux arrêts depuis 2017 sur la base d’accusations falsifiées, est devenue le reflet de la chasse impitoyable que mène le gouvernement du président Erdogan contre quiconque semble lui déplaire.

Les traits du personnage principal de la série sont basés sur les caractéristiques d’Osman Kavala. Toutefois, contrairement à la réalité, le héros est coupable en tout point des accusations portées contre lui. La série a pour but, selon les soutiens de Kavala, d’essayer d’accréditer la thèse de sa culpabilité, pourtant déjà invalidée.

Les charges pesant contre Kavala dans la réalité sont dénuées de tout fondement et sa peine de prison à perpétuité a été prononcée sur la base d’accusations fallacieuses, donnant lieu à une véritable parodie de justice. Malgré l’émoi que suscite la situation d’Osman Kavala à l’échelle internationale et les contestations qui surgissent, la Turquie continue à enfermer ses opposants politiques sans preuves ni poursuites sérieusement établies.

Le personnage principal de la série rappelle Osman Kavala, un opposant culturiste et philanthrope turc aux activités diverses

La série TV posera toujours un regard partial et biaisé sur le destin tragique d’Osman Kavala. Dans la réalité, Kavala est un mécène turc riche et influent, reconnu dans le monde culturel et connu pour avoir été un fervent défenseur des droits des minorités. Il est accusé d’avoir financé les mouvements de protestation qui ont secoué la Turquie en 2013, alors que le gouvernement Erdogan était sur le point de faire passer une loi controversée sur la construction d’un centre commercial sur le site du parc Gezi.

Osman Kavala symbolise aussi la lutte constante pour la tolérance et la défense des valeurs démocratiques en Turquie. Il est populaire pour sa générosité et son soutien à des projets à vocation culturelle et caritative. Bien que la réalité des faits soit claire, les actions de la Turquie contre lui semblent inexorables, et ce sont ces actions qui nous conduisent à penser qu’il s’agit d’une vengeance politique de la part du pouvoir.

Une manoeuvre politique déguisée en Theatrum mundi

Ces dernières années, la Turquie s’est engagée dans une chasse sans pitié contre l’opposition politique. Le cas d’Osman Kavala démontre combien le pouvoir en place est disposé à tout faire pour éliminer toute forme de dissidence. Les manoeuvres psychologiques s’amplifient donc avec la série «Metamorfoz», qui tend à déformer le parcours de Kavala et permet au gouvernement de manière détournée de tenter de le décrédibiliser auprès de la population.

La production de cette série a été commandée et financée par la TRT, la chaîne publique turque, institution étroitement liée au pouvoir politique. L’objectif consiste à peindre Kavala en traître qui soutient les ennemis de la Turquie, et ainsi à renforcer l’idée que tout opposant au régime en place serait prêt à être un traître. Cette tactique est inquiétante car elle facilite la création d’un environnement politique répressif, ainsi que la manipulation de la population.

Une justice viciée

Osman Kavala est aujourd’hui détenu sans réelle preuve de sa culpabilité. Les accusations qui ont conduit à sa détention sont injustes et fallacieuses. Les défenseurs des droits de l’homme et les ONG ont souligné que les autorités turques et la justice de l’État ont utilisé des méthodes illégales pour tenter de le discréditer, tels que la fabrication de preuves ou la mise en place de procès falsifiés.

Osman Kavala n’est pas un coupable, mais bien une victime de l’injustice politique en Turquie. Ses actions et son histoire symbolisent parfaitement la lutte des Turcs pour le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles. Le sort réservé aux prisonniers politiques en Turquie est de plus en plus sombre, faisant de sa situation un symbole de la dérive autoritaire de la Turquie actuelle.