IA génère fausse chanson de Drake et The Weeknd, inquiète industrie musicale: « Heart on My Sleeve »

Le titre « Heart on My Sleeve », ayant rencontré un triomphe retentissant suite à sa publication sur TikTok, a dû être enlevé des sites de streaming musical sur requête de la compagnie de disques UMG, qui gère les carrières des deux chanteurs concernés.

Le titre Heart On My Sleeve a connu un succès fulgurant depuis sa mise en ligne sur TikTok le 15 avril, avec plus de 15 millions de vues en seulement 48 heures. Il s’agit d’une chanson où l’on entend Drake et The Weeknd échanger des vers, mais, en réalité, les deux artistes canadiens ne sont pas impliqués dans cette création. En effet, ce morceau a été généré par intelligence artificielle (IA) et publié par un utilisateur anonyme se faisant appeler Ghostwriter977. Cela soulève à nouveau la question de la propriété intellectuelle à l’égard de l’IA.

Mêlant des influences hip-hop et rap, la chanson reproduit les voix des deux artistes et simule une conversation à propos de l’actrice Selena Gomez, avec qui The Weeknd a récemment vécu une brève histoire d’amour. Universal Music Group (UMG), qui représente Drake et The Weeknd, a exigé le retrait de cette chanson des plateformes de streaming pour violation de droits d’auteur. Spotify et Apple Music, qui l’avaient ajoutée à leur catalogue depuis le 4 avril, l’ont depuis retirée, mais elle continue de circuler sur diverses plateformes et réseaux sociaux grâce aux internautes qui la partagent.

L’auteur anonyme affirme que « le futur est là »

Dans une vidéo TikTok, Ghostwriter977 explique qu’il a utilisé une IA pour créer Heart On My Sleeve et avertit que ce n’est que le début. Mis en cause par le site Rolling Stone, il déclare avoir été un « ghostwriter » pour des pop stars, autrement dit, un auteur anonyme qui travaillait pour peu d’argent et dont les œuvres étaient exploitées par les grandes maisons de disques. Il ajoute que « le futur est là ». Dans un communiqué, UMG soulève la question de savoir de quel côté de l’histoire les acteurs de l’industrie musicale veulent se situer, entre le soutien aux artistes et à la créativité humaine ou le recours aux contrefaçons, à la fraude et au déni de rémunération pour les artistes.

L’inquiétude de l’industrie musicale

En mars, UMG a écrit aux plateformes de streaming, y compris Spotify et Apple, leur demandant de bloquer l’accès des services d’IA aux mélodies et aux paroles de leurs chansons protégées par les droits d’auteur, rapporte le Financial Times. Pour alimenter et former leurs algorithmes, les services d’IA sont accusés de pomper la musique disponible en ligne. UMG a menacé de prendre des mesures pour protéger ses droits et ceux de ses artistes, contrôlant « environ un tiers du marché mondial de la musique », selon le quotidien britannique.

Le recours à l’IA suscite des débats dans l’industrie musicale. Certains pointent les problèmes juridiques qu’elle engendre, tandis que d’autres saluent ses prouesses technologiques. Le DJ français David Guetta a récemment utilisé l’IA pour générer une voix à la manière du rappeur Eminem lors d’un de ses spectacles. Bien qu’il n’ait pas commercialisé cette chanson, Guetta souhaite « ouvrir la discussion pour une prise de conscience » et souligne l’efficacité de l’IA.

Si elle est utilisée en tant qu’outil de création et dans le respect des droits des artistes, l’IA pourrait être considérée comme une avancée technologique comparable au synthétiseur pour les musiques électroniques. Cependant, il est peut-être déjà trop tard, ou du moins, le temps presse pour réguler l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine de la musique.