Hausse des prix en mai: recul de l’inflation au plus bas depuis un an – 4 questions clés

En mai, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) estime que les tarifs pour les consommateurs ont connu une augmentation de 5,1% sur une année, tandis qu’au commencement de l’année, ils avaient subi une hausse de plus de 6%.

« L’inflation ralentit, et elle ralentit même fortement », s’est félicité le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lors d’une intervention sur France Inter. En effet, en mai, la hausse des prix a nettement diminué, pour s’établir à 5,1% sur un an, après avoir atteint 6,3% en février. Cette baisse de l’inflation a été commentée par Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Institut des statistiques, sur Twitter : « Pour la première fois depuis un an, le glissement annuel des prix à la consommation en France descend de son plateau qui se situait autour de 6% ». Cette tendance soulève plusieurs questions, auxquelles nous allons tenter d’apporter des réponses.

1. Quels sont les secteurs où la baisse de l’inflation est la plus marquée ?

La diminution de l’inflation est principalement due au ralentissement des prix de l’énergie, qui n’ont augmenté que de 2% sur un an en mai, après une hausse de 6,8% en avril. Cette situation contraste fortement avec l’année 2022, où les prix de l’électricité, du gaz et des carburants avaient connu une inflation à deux chiffres.

Selon Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au cabinet d’analyses BDO, la baisse des prix de l’énergie était prévisible, en raison de la forte baisse de la demande de pétrole. La situation de l’offre est également moins tendue qu’au début de la guerre en Ukraine, en février 2022, les pays ayant depuis diversifié leurs sources d’approvisionnement.

On observe également un ralentissement de l’inflation pour les produits manufacturés (+4,1% en mai contre +4,6% en avril) et pour les services (+3% en mai contre +3,2% en avril).

2. L’alimentation est-elle toujours le moteur de l’inflation ?

Oui, le secteur alimentaire continue d’alimenter la hausse des prix à la consommation. Cependant, un repli semble se profiler. En mai, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 14,1% sur un an, contre 15% en avril. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a insisté sur la nécessité d’accélérer la baisse des prix de l’alimentation. Il a ainsi pressé les acteurs du secteur de renégocier les prix en tenant compte du repli des cours des matières premières, mais a déploré que ces négociations n’aient pas encore eu lieu. Il a également rappelé que si les engagements des industriels ne sont pas tenus, il n’hésitera pas à utiliser l’instrument fiscal pour récupérer les marges et les redistribuer aux consommateurs.

3. Certains produits échappent-ils à cette tendance ?

Seuls les prix du tabac continuent d’accélérer, avec une inflation de 9,8% sur un an en mai. Cette hausse est due à une révision de la grille tarifaire du tabac. Depuis le 1er mai, le prix de nombreux paquets de cigarettes a augmenté de 20 à 90 centimes. D’ici 2024, le prix de tous les paquets de cigarettes devrait atteindre 11 euros, conformément à la loi de financement de la Sécurité sociale votée en décembre.

4. Le pic de l’inflation est-il passé ?

L’inflation est au plus bas depuis le printemps 2022, et François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, estime qu’il est « très probable que nous ayons passé le pic » de la hausse des prix. Cependant, Anne-Sophie Alsif préconise la prudence, rappelant qu’il suffirait d’un événement sur les marchés mondiaux pour que l’inflation reprenne.

L’économiste se veut néanmoins rassurante sur les perspectives à venir. Selon elle, « la baisse de l’inflation va continuer cette année et l’année prochaine ». Cependant, elle souligne que les prix d’avant-crise ne seront jamais retrouvés et qu’il faudra accepter un certain niveau d’inflation. D’après les dernières prévisions de la Banque de France, l’inflation devrait passer en dessous de 3% d’ici la fin de l’année, se stabiliser à 2,9% en 2024, puis redescendre à 2% en 2025.