L’effondrement du barrage de Kakhovka situé au sud de l’Ukraine engendre de vives inquiétudes quant à d’éventuelles conséquences désastreuses pour les populations humaines et l’environnement. Néanmoins, pour le moment, il semble que peu de personnes se montrent volontaires pour quitter la zone.
Sous une tente militaire près de la gare de Mykolaïv, Vladimir Slivinski et son équipe des services de secours ukrainiens attendent l’arrivée d’un train venant des territoires inondés. Le mardi 6 juin, suite à la destruction du barrage de Kakhovka, un premier convoi avait attendu longtemps à la gare de Kherson pour embarquer un maximum de personnes, mais seulement 46 personnes avaient pris le train. Selon Vladimir, cela s’explique par la mentalité ukrainienne : les habitants ne veulent pas abandonner leur maison et essaient de sauver leurs animaux et d’aider leurs proches. Ceux qui partent sont ceux qui ont déjà tout perdu et n’ont plus d’autre choix.
En plus des 46 personnes évacuées par le train, une quarantaine d’autres sont arrivées par leurs propres moyens ou en bus. Même si le nombre d’évacués n’est pas encore aussi élevé que redouté suite à la destruction du barrage de Kakhovka, Vladimir pense que d’autres personnes partiront plus tard, lorsque elles verront ce qu’il reste de leur maison et s’il y a encore quelque chose à sauver.
La destruction partielle du barrage de Kakhovka a libéré des millions de mètres cubes d’eau, et le niveau de l’eau devrait encore monter d’un mètre au cours des 20 prochaines heures, selon le chef de l’administration militaire de la région de Kherson. Plus de 17 000 civils devraient être évacués, selon les autorités, mais pour l’instant, moins de 3 000 personnes ont été évacuées.
Les habitants de la région sont particulièrement préoccupés par le sort des personnes touchées par les inondations sur la rive gauche du Dnipro, qui est occupée par les Russes. Les berges de cette zone sont plus basses et plus peuplées, ce qui fait craindre des dégâts et des sinistrés plus importants que ce que les autorités d’occupation laissent entendre. Vladimir et ses collègues savent qu’ils ne pourront pas aider ces personnes. Le chef du gouvernement d’occupation indique que 14 localités et plus de 22 000 personnes sont menacées par la montée des eaux.
D’après l’Ukraine, 42 000 personnes sont directement menacées par les inondations et des centaines de milliers d’habitants risquent de ne plus avoir accès à l’eau potable. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, craint des « dégâts environnementaux massifs ». En effet, plus de 150 tonnes d’huile de moteur ont été répandues dans le fleuve et des milliers d’hectares de terres arables risquent d’être inondés, selon Kiev, qui mentionne également de nombreux « poissons morts » dans la zone. Les conséquences de cette catastrophe pourraient se faire sentir pendant des dizaines d’années dans le sud de l’Ukraine. Le barrage approvisionnait en eau de nombreuses terres agricoles dans l’un des plus grands pays exportateurs de céréales au monde.