François-Henri Désérable capte l’Iran et le désir de liberté dans L’usure d’un monde

Au cours des quarante jours qu’il a passés en fin d’année 2022 en explorant l’Iran, l’auteur français François-Henri Désérable a recueilli un témoignage lumineux, mettant en lumière une nation épuisée, bouillonnant d’existence et d’indignation sous son apparence extérieure. Captivant.

À la fin de l’année 2022, alors que la répression contre les manifestations suite à la mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour avoir mal porté son voile islamique, bat son plein, l’écrivain François-Henri Désérable se rend en Iran. Ce voyage, prévu depuis longtemps et reporté à cause du Covid-19, est motivé par le désir de l’auteur de connaître un pays et ses habitants, inspiré par l’œuvre « L’usage du monde » de Nicolas Bouvier, qui eut un impact profond sur lui. Malgré les avertissements alarmistes du ministère des Affaires étrangères lui demandant d’annuler ce voyage dangereux, Désérable décide d’y aller, guidé par sa soif d’aventure et d’imprévu.

La peur comme arme principale de la « mollarchie »

Durant un mois et demi, François-Henri Désérable parcourt l’Iran et en tire un carnet de voyage captivant, intitulé « L’usure d’un monde ». Il y décrit un pays enfermé sous le joug d’une « mollahrchie absolue » et un peuple résistant et plein d’espoir pour l’avenir malgré la terreur, la répression, la torture, les viols et les meurtres perpétrés par le régime. La peur, omniprésente depuis 43 ans, semble commencer à céder face au courage.

La résistance partout, discrète ou audacieuse

En Iran, où la majorité des habitants (87% selon un sondage non officiel) soutient les manifestations, chacun s’oppose au régime à sa manière. Certains le font discrètement, d’autres de manière plus audacieuse. Par exemple, certaines femmes sortent dans les rues sans voile, ou jettent des fers à repasser depuis leur balcon sur les policiers des mœurs qui passent, tandis que des hommes les encouragent en faisant le signe de la victoire.

Une galerie de portraits exaltante

Dans « L’usure d’un monde », François-Henri Désérable dresse le portrait d’une Iran en colère et assoiffé de liberté, à travers une galerie de personnages exceptionnels. On y fait la connaissance de Niloofar, Ali de Tabriz, Aluk, Amir, et beaucoup d’autres. Chaque personnage met en lumière un aspect particulier de la résistance au régime iranien et de la lutte pour la liberté.

En somme, « L’usure d’un monde » est un témoignage précieux et profondément humain sur la situation en Iran et l’espoir d’un futur meilleur dans ce pays de poètes.

Extrait de la page 31:

« En novembre, à Téhéran, la moitié des filles de moins de 30 ans sortaient sans le voile. Certaines l’avaient remplacé par une casquette, un bonnet, une écharpe couvrant le bas de leurs cheveux ; mais la plupart n’avaient rien. Les agents de la police des mœurs se faisaient discrets, dépassés par l’ampleur et la durée du mouvement, et semblaient avoir abandonné la partie. Les femmes qui se dévoilaient n’étaient pas seules : beaucoup d’hommes les encourageaient en faisant le signe de la victoire, et des femmes portant le hijab leur souriaient en signe de gratitude. »