En date du 1er mai, les établissements pénitentiaires de France hébergent 73 162 individus pour une capacité d’accueil de 60 867 places. Le gouvernement se penche sur différentes options afin de remédier à ce problème de surpopulation dans les prisons françaises.
Le 1er mai, le nombre de prisonniers a atteint 73 162 pour 60 867 places en France, soit une surpopulation record de 120,2%, selon les chiffres publiés le mardi 30 mai par le ministère de la Justice. Au-delà du chiffre historiquement élevé, cette surpopulation continue de poser des questions. Car il manque plus de 12 000 places actuellement.
Un cas emblématique est celui de la maison d’arrêt de Gradignan, près de Bordeaux, où il y a deux fois plus de prisonniers que de places disponibles, très loin de l’objectif sans cesse repoussé d’un prisonnier par cellule. Le syndicat FO Pénitentiaire mentionne même, pour les hommes, 130 « triplettes », des cellules où trois prisonniers vivent ensemble avec l’un d’entre eux dormant sur un matelas par terre.
La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, avait déjà dénoncé en juillet ces conditions « inhumaines » imposées « aux prisonniers, de vivre à trois par cellule, 21 heures sur 24 – dans moins d’1m² d’espace vital par personne – rongés par les punaises, envahis par les cafards et les rats ». Sur Franceinfo le 11 mai dernier, Joaquim Pueyo, maire PS d’Alencon, ancien directeur des prisons de Fresnes et de Fleury-Mérogis, avait décrit une « situation difficile », voire « explosive ».
Réduction de peine anticipée et construction de places supplémentaires
Parmi les solutions envisagées pour remédier à ce problème de surpopulation carcérale, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a insisté sur la possibilité, par exemple, de libérer de manière anticipée des prisonniers condamnés à des peines de moins de deux ans et de construire 15 000 places supplémentaires d’ici la fin du quinquennat. Une « promesse notoire qui sent le rance, puisque ces 15 000 places étaient déjà proclamées en 2017 pour 2022 » et ont été « très modestement réduites, à 2 000 fin 2021 », note la Contrôleure générale. Par contre, le ministre ne veut pas définir des « seuils d’alerte » par prison comme l’avait suggéré le rapport d’experts de États généraux de la justice.
Invité de Franceinfo, mardi 30 mai, François Molins, procureur Général près la Cour de Cassation, a insisté sur la nécessité de « construire » de nouvelles places en prison pour lutter contre la surpopulation carcérale, « mais cela ne suffira pas à résoudre le problème ». Cette surpopulation n’est « pas normale » et cela « empêche de mener des actions véritables de réinsertion ». Il faut trouver un « dispositif différent », a-t-il plaidé.
Ce problème chronique de la surpopulation carcérale a valu à la France une condamnation devant la Cour européenne des droits de l’Homme en janvier 2020. Dans son rapport annuel publié le 11 mai dernier, Dominique Simonnot fustige « l’inertie coupable » de l’exécutif.