France importe pilules abortives d’Italie : manque dû à retard production et approvisionnement

La dirigeante de l’organisation du Planning familial soutient que, confrontée à une pénurie de comprimés abortifs, la France a été contrainte d’en faire venir d’Italie. Cette affirmation est exacte et s’explique par un décalage dans la fabrication ainsi que dans l’approvisionnement des substances de base.

Fin avril, le Planning Familial, l’association qui défend les droits à la contraception et à l’avortement, a averti le gouvernement français d’une pénurie de pilules abortives dans le pays. Sarah Durocher, présidente du Planning Familial, a déclaré sur France 2 le 29 mai : « Aujourd’hui, on aimerait vraiment que cette alerte soit prise en compte et qu’on ait des réponses à long terme, demande la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, invitée de France 2 lundi 29 mai. On ne peut pas juste bricoler, aller en Italie chercher des médicaments. » 

Effectivement, la France a dû importer des pilules abortives d’Italie pour pallier la pénurie. Le ministère de la Santé français l’a confirmé dans un communiqué de presse publié le 19 avril dernier, expliquant que la France a décidé d’importer un type spécifique de pilule abortive, la MisoOne, d’Italie.

Rôle monopolistique du laboratoire Nordic Pharma

La France s’est retrouvée dans cette situation délicate car il n’y a qu’un seul laboratoire dans le pays qui fabrique les pilules abortives : Nordic Pharma. Fin 2022, ce laboratoire a pris du retard dans la production de l’une de ses pilules, poussant les utilisatrices à se tourner vers l’autre pilule abortive autorisée en France, la MisoOne. C’est alors qu’un deuxième problème est survenu, celui des retards d’approvisionnement en matières premières. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a dû prendre des mesures : interdire la vente des pilules françaises à l’étranger et importer des MisoOne italiennes.

Selon l’ANSM, les stocks de pilules abortives sont désormais revenus à la normale. Grâce aux importations italiennes, la pilule MisoOne est à nouveau largement disponible depuis le 27 avril. Cette information a été confirmée par le laboratoire Nordic Pharma lui-même, qui a été auditionné le 2 mai dernier par une commission d’enquête sénatoriale dédiée aux pénuries de médicaments en France. Toutefois, cette commission sénatoriale reste préoccupée : le risque de pénurie de pilules abortives n’est pas écarté en France et pourrait se reproduire tant que Nordic Pharma sera le seul producteur français.