Pendant que Cristiano Ronaldo joue actuellement en Arabie Saoudite, les lauréats du Ballon d’or Lionel Messi et Karim Benzema sont attendus dans la région du Golfe. « Il existe un désir de démontrer que cette ligue a pour objectif d’être compétitive », analyse Jean-Baptiste Guégan, expert en géopolitique des sports.
L’Arabie saoudite représente-t-elle la nouvelle destination prisée du football ? Selon Jean-Baptiste Guégan, expert en géopolitique du sport, il est maintenant impossible de faire le point sur l’actualité footballistique sans tenir compte de la situation dans le Golfe. Après Cristiano Ronaldo qui a intégré le club d’Al Nassr, les rumeurs concernant les arrivées de Karim Benzema et Lionel Messi dans la région se font de plus en plus pressantes. L’Arabie saoudite a démontré son potentiel en étant la seule équipe nationale à vaincre l’Argentine lors la Coupe du monde au Qatar. Guégan souligne également l’importance des jeunes dans le pays, avec 60% de la population saoudienne ayant moins de 30 ans.
Franceinfo : Peut-on comparer cette situation à celle des États-Unis lorsque Pelé et Beckenbauer sont arrivés à la fin des années 70 ?
Selon Jean-Baptiste Guégan, cette comparaison est pertinente car il y a une volonté de prouver l’existence et la compétitivité de ces championnats dans les deux cas. Pour l’Arabie saoudite, cela est d’autant plus intéressant qu’il y aura potentiellement trois Ballons d’or dans le championnat du pays, ce qui constitue une première. Le pays souhaite ainsi peser à l’échelle internationale et devenir le premier championnat d’Asie et du Golfe, tout en répondant aux attentes de la population locale.
L’objectif est-il politique mais aussi sportif ?
L’une des ambitions est que le club vainqueur de la Ligue des champions asiatique puisse participer au Championnat du monde des clubs et atteindre enfin la finale, dans l’espoir de remporter le titre suprême face aux grandes équipes européennes. Les Ballons d’or pourraient ainsi devenir les premiers à remporter à la fois la Ligue des champions européenne et asiatique, ajoutant ainsi une dimension sportive souvent négligée.
Le succès de la Coupe du monde au Qatar et la victoire de l’Arabie saoudite contre l’Argentine ont-ils créé une dynamique ?
Bien que ces événements aient été prévus bien avant la Coupe du monde, ils ont confirmé l’importance du football et sa capacité de mobilisation, tant pour les Saoudiens que pour les acteurs extérieurs. Selon Guégan, cela a donné le feu vert pour accélérer les choses. Il ajoute que d’autres joueurs pourraient rejoindre l’Arabie saoudite, notamment Sergio Ramos, défenseur du PSG.
Y a-t-il une volonté de déplacer le centre du football de l’Europe vers l’Asie ?
Guégan explique que l’Arabie saoudite, avec l’aide du Qatar et des Émirats, semble vouloir déplacer le centre de gravité du football. Si cette volonté ne peut être mesurée en termes de performances à l’heure actuelle, la présence de forts investissements financiers, notamment dans la propriété de clubs, est indéniable. Il est donc impossible de ne pas tenir compte de la situation dans le Golfe, et plus particulièrement en Arabie saoudite, lorsqu’on évoque l’actualité footballistique.
D’autres pays, comme les États-Unis et la Chine, ont-ils tenté de relever ce défi sans grand succès ?
Guiegans fait remarquer qu’il y a encore six mois, personne ne connaissait le club d’Al-Nassr où évolue Cristiano Ronaldo. Aujourd’hui, tout le monde en parle, tout comme du club d’Al Ittihad où pourrait débarquer Karim Benzema. Les médias parlent donc davantage de l’Arabie saoudite et du football qu’auparavant, lorsqu’ils évoquaient plutôt le Qatar.
Enfin, Guégan souligne que l’Arabie saoudite, quand elle est bien entraînée et préparée, est capable de rivaliser avec les meilleurs. Cela ne signifie pas que ce succès sera durable, mais il y a clairement une volonté de structuration et un soutien de la population. Alors que le Qatar compte 300 000 citoyens, l’Arabie saoudite en possède plus de 30 millions, dont 60% ont moins de 30 ans. Il faudra donc compter sur eux à l’avenir.