Est-ce que l’intelligence artificielle peut être utilisée comme un outil dans les mains des politiciens ? Face à cette interrogation, l’extrême droite semble vouloir prendre les devants pour mettre en avant son idéologie. Le point politique présenté par Jean-Rémi Baudot.
Le parti politique d’Eric Zemmour, Reconquête, est le premier à utiliser l’intelligence artificielle (IA) dans sa communication en lançant Zemmour.Chat, un chatbot qui répond à des questions basées sur les idées de Zemmour. Il propose des réponses d’une quinzaine de lignes accompagnées d’un lien vers le programme du parti. Cette utilisation de l’IA est propre et lisible et a été entièrement conçue avec ce type de technologie.
L’IA au service des idées de l’extrême droite?
Bien que cela relève du marketing politique, l’organisation d’Eric Zemmour accorde une grande importance à l’IA. Ses lieutenants, dont Stanislas Rigault, Samuel Lafont et Damien Rieu, revendiquent l’utilisation quotidienne de ces logiciels. Des documents et des visuels pour Reconquête ont déjà été créés grâce au programme d’IA MidJourney.
Selon Rigault, l’objectif est de comprendre et d’anticiper les bouleversements causés par l’IA, tels que la souveraineté numérique et l’impact sur le marché du travail : « Des métiers vont être chamboulés. » L’IA sert également à éclairer les préoccupations d’Eric Zemmour, comme l’immigration de travail.
« ChatGPT, c’est l’autre grand remplacement »
Ces questions concernant l’IA sont également présentes au sein du Rassemblement National, et font partie des thématiques importantes pour l’extrême droite, notamment en ce qui concerne l’immigration et la bioéthique. De plus, il y a des inquiétudes concernant le transhumanisme, le projet imaginé de fusion entre l’homme et la machine. Jordan Bardella évoque ainsi souvent l’idée que « ChatGPT, c’est l’autre grand remplacement » et participera à un colloque européen sur le sujet le 19 juin prochain.
Selon Bardella, il est important de toucher de nouveaux publics, notamment les classes moyennes supérieures, où le RN peine encore à s’imposer, en abordant des sujets liés à l’IA. Il pense que l’IA sera pour les cadres supérieurs ce que la révolution industrielle a été pour les ouvriers.
Enfin, il est à noter que cette approche anxiogène vise à mobiliser de nouveaux électeurs, même si ce sont probablement les professions intermédiaires qui seront les plus rapidement impactées par les effets de l’IA. Le RN est justement plus présent dans cet électorat.