Exécutions en Iran en hausse de 75% : ONG dénoncent intimidation de la population

Les organisations non gouvernementales Human Rights Watch et Ensemble contre la peine de mort considèrent que le nombre d’exécutions en Iran a connu une hausse de 75% en 2022. Il est fort probable que cette estimation soit inférieure à la situation réelle. Les dirigeants religieux du pays, dont l’autorité est de plus en plus remise en question, cultivent un climat de terreur.

Dans un rapport détaillé d’une centaine de pages publié le jeudi 13 avril, les deux associations Human Rights Watch et Ensemble contre la peine de mort estiment qu’au moins 582 personnes ont été condamnées à mort et exécutées en Iran en 2022. Il faut remonter à 2015 pour retrouver un nombre d’exécutions aussi élevé, avec 972 personnes tuées cette année-là.

La peine de mort comme instrument politique

La crise du Covid avait conduit à une baisse de ces chiffres, mais avec la mort de la jeune Mahsa Amini l’année dernière, arrêtée sous prétexte qu’elle ne portait pas correctement son voile, et le vent de révolution qui a soufflé sur le pays, le recours à la peine de mort pour réprimer les contestataires est réapparu.

« La peine de mort est utilisée comme un outil politique, affirme Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général d’Ensemble contre la peine de mort, pour maintenir au pouvoir le régime iranien. Cela a toujours été le cas depuis 1979. Il y a eu des exécutions massives dans les années 1980, la même chose dans les années 2000, lors des mouvements étudiants. Aujourd’hui, la société iranienne n’accepte plus cet étau du pouvoir iranien, alors que les femmes iraniennes se sont rebellées, la seule solution qu’ils ont trouvée, encore une fois, c’est la peine de mort pour intimider la population ».

La répression vise particulièrement les minorités ethniques qui contestent le pouvoir, comme la communauté baloutche, qui représente 30% des exécutions alors qu’elle ne compte que 2 à 3% de la population. Les mollahs n’hésitent pas non plus à tuer des mineurs, comme l’explique le neuroscientifique norvégio-iranien Mahmood Amiry-Moghaddam, qui représente Human Rights Iran. « Si vous regardez le nombre de mineurs exécutés dans les 10-15 dernières années, l’Iran est le seul pays à en tuer tous les ans. L’Arabie saoudite le faisait aussi, mais ils ont changé la loi depuis quelques années. Il faudra voir ce que cela donne vraiment. »

« Dans les 30 dernières années, plus de 70% des enfants tués dans le monde l’ont été par la République islamique d’Iran. », affirme Mahmood Amiry-Moghaddam, de Human Rights Iran.

Les deux ONG, Human Rights et Ensemble contre la peine de mort, appellent la communauté internationale à dénoncer ces horreurs, car, assurent-elles, la pression de cette dernière fonctionne sur le régime des mollahs. Elle avait réussi un temps à réduire le nombre d’exécutions publiques dans le pays. Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a approuvé mardi une résolution exprimant sa « profonde préoccupation face au nombre croissant d’exécutions, y compris celles d’individus condamnés à mort pour leur participation supposée aux récentes manifestations ». Le texte étend également le mandat du rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains en Iran, Javaid Rehman, pour une année supplémentaire, provoquant la colère de l’ambassadeur iranien Ali Bahraini qui a rejeté ce texte, jugeant inadmissible de « faire des droits humains une arme de politique étrangère ».