En Loire-Atlantique, formations restauration pour personnes handicapées durant pénurie main-d’œuvre

Suite à 400 heures de formation intensive et un mois d’immersion professionnelle dans une entreprise, les étudiants passent un test dès ce lundi afin de confirmer l’obtention de leur diplôme. franceinfo a accompagné l’un des apprentis durant cette période.

Ce jour-là, Kimberley prépare un tartare de melon. Depuis quatre semaines, elle est en stage au restaurant Les Champs d’Avaux, à Bouayes, près de l’aéroport de Nantes (Loire-Atlantique). Avant cela, Kimberley a suivi 400 heures de formation pour devenir commis de cuisine. Reconnue comme travailleuse handicapée, elle suit un programme spécifique en Pays de la Loire, initié par Umih Formation et Up’ Interim, une agence dédiée aux personnes handicapées.

Kimberley, âgée de 19 ans, a des problèmes de vue et d’articulation. Elle explique : « Quand je reste trop longtemps debout, je ne peux pas plier mes jambes, ni mes bras. Je ne peux plus bouger mes bras. » Dans l’établissement où elle se trouve, son poste est adapté : « Il est assez haut pour moi. Si j’ai besoin de calmer ma jambe, j’ai juste à prévenir et j’y vais. » Elle se sent considérée, ce qui est important, car cela n’a pas toujours été le cas. Ayant déjà validé deux CAP en restauration, Kimberley a eu une mauvaise expérience récemment : « J’avais demandé à être en cuisine et on m’a mis à la plonge. Et j’ai été obligée de démissionner au bout de six mois à cause du sous-chef parce qu’il me rabaissait toujours. »

Avec cette formation, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) espère lutter contre ce type de préjugés, mais aussi répondre au manque de main-d’œuvre dans la région Pays de la Loire.

« M’améliorer et ouvrir plus tard mon restaurant »

Selon le syndicat patronal, il manque 2 300 commis de cuisine. Sophie Pavageau, responsable de l’Umih formation, tient à clarifier : « Ce ne sont pas les restaurateurs qui sont venus frapper à notre porte en disant : ‘J’ai besoin de monde, va me chercher deux, trois handicapés. Pas du tout !’ » Elle ajoute : « On ne va pas se cacher, le handicap peut faire peur. Parce qu’il y a une inconnue et l’inconnu fait peur. À nous de casser ces tabous ! Aujourd’hui, les employeurs sont en manque d’effectifs. Nous, on est là pour leur apporter des effectifs qui vont être formés, qui vont avoir un diplôme et qui ont envie de travailler. »

Pour Sophie Pavageau, le but après cette formation est : « qu’ils travaillent. Ce n’est pas qu’ils retournent à Pôle emploi. »

Kimberley, par exemple, a beaucoup appris dans ce restaurant qui travaille avec des produits frais. Son objectif désormais est de « m’améliorer et ouvrir plus tard mon restaurant ». Comme les autres élèves de la formation, elle passe à partir du 12 juin des examens pour valider son diplôme.