Le dimanche 14 mai, il se pourrait que Recep Tayyip Erdogan soit dépossédé de son pouvoir, étant donné qu’une alliance de six formations politiques l’affaiblit. Ce vote revêt une grande importance si l’on considère l’impact du leader turc sur les pays occidentaux et orientaux.
A cheval entre l’Orient et l’Occident, Istanbul et la Turquie ont constamment constitué un carrefour entre ces deux mondes. Recep Tayyip Erdogan est parvenu à tirer parti de cette position géographique et culturelle. Tantôt provocateur, tantôt conciliateur, le président turc s’est rapproché de la Chine, s’éloignant de l’Europe en cours de route. « L’Ukraine et la Russie sont tous deux nos voisins et amis. Nous sommes très tristes que la crise entre eux ait tourné à la guerre« , confiait Erdogan au sujet du conflit ukrainien. Depuis neuf mois, des dizaines de tonnes de céréales en provenance des deux belligérants transitent par le détroit du Bosphore, en Turquie. Malgré quelques tensions, l’accord entre les deux pays tient bon, grâce à la diplomatie turque performante.
Des liens tendus avec l’Europe
Grâce à son affirmation d’indépendance, Erdogan bénéficie de la confiance des dirigeants des deux états. Les actions du président turc dans ce dossier ont été applaudies à travers le monde. Cependant, l’intransigeance d’Erdogan représente l’autre face de la médaille. Membre de l’OTAN, la Turquie empêche l’adhésion de la Suède à l’Alliance, sans que personne ne puisse faire levier sur ce veto. Erdogan ne fera aucune concession aux pays occidentaux, se considérant trahi par eux. En effet, depuis son arrivée au pouvoir en 2002, il ambitionnait d’intégrer son pays à l’Union européenne, mais certains membres, dont la France, ont tout mis en œuvre pour bloquer cette adhésion. Désormais, les relations entre Ankara et Bruxelles sont marquées par un rapport de forces constant. Erdogan, qui a obtenu six milliards d’euros pour retenir en Turquie quatre millions de réfugiés, menace sans cesse de les laisser partir. Aujourd’hui, il privilégie les relations avec les présidents russe, chinois et iranien, qui le soutiennent dans les élections du 14 mai.