Le gouvernement a prévu de mettre en place son « Centre d’étude et de combat contre les violences commises envers les représentants politiques » ce mercredi 17 mai. Pour le moment, les statistiques des attaques contre les élus enregistrées par le ministère de l’Intérieur diffèrent de celles de l’association des maires français.
La démission du maire de Saint-Brevin en Loire-Atlantique a remis en lumière les attaques contre les élus, mais pour l’instant, il n’existe qu’un recensement partiel de ces violences. Deux dénombrements existent : celui du ministère de l’Intérieur et celui de l’AMF (Association des maires de France). Ces deux dénombrements manquent de détails. Le président de l’AMF, David Lisnard, a demandé jeudi 11 mai une « étude précise du phénomène d’agressions d’élus » et de son côté le gouvernement va lancer mercredi 17 mai la création d’une cellule dédiée à ce sujet, appelée « Centre d’analyse et de lutte contre les violences faites aux élus ».
Le décompte qualitatif mais partiel de l’AMF
L’Association des maires de France utilise l’observatoire des agressions envers les élus. Depuis 2020, cet observatoire permet à chaque conseiller municipal, adjoint ou maire de témoigner précisément des atteintes qu’il subit, qu’elles soient physiques ou verbales. L’objectif de cet observatoire est de mener une étude qualitative avec une typologie des agressions. Cependant, il est loin d’être exhaustif, puisque ce décompte s’appuie sur des articles de presse et des signalements de victimes. Il faut donc que les victimes pensent à signaler les agressions. Selon le décompte de cet observatoire, les violences contre les élus municipaux étaient en hausse de 15% l’an dernier, avec environ 1 500 agressions en 2022.
Les chiffres du ministère de l’Intérieur
Le dénombrement du ministère de l’Intérieur est un peu plus complet. Il s’appuie sur les remontées des préfectures, c’est-à-dire les mains courantes ou les plaintes déposées par les élus au commissariat ou en gendarmerie. Cela concerne non seulement les élus municipaux, mais aussi tous les autres élus, comme les députés, par exemple. D’après les derniers chiffres, les violences ont augmenté de 32% en 2022, avec 2 265 plaintes ou signalements, principalement des agressions verbales.
Cependant, au-delà de ces chiffres bruts, il n’y a pas d’étude qualitative. Aucune typologie des agressions n’est faite, et on ne sait pas quelles catégories d’élus sont visées, ni quelles sont les zones géographiques concernées. On ne sait rien non plus des réponses pénales, alors que l’AMF déplore le nombre de plaintes classées sans suite. C’est pourquoi David Lisnard, président de l’Association, souhaite prendre pour exemple ce qui se fait déjà pour les violences conjugales chaque année. Le ministère de l’Intérieur fournit une étude très détaillée des morts violentes au sein du couple.