Décès de Silvio Berlusconi: Explication du surnom Il Cavaliere de l’ex-Premier ministre

Lundi, l’ex-chef du gouvernement italien nous a quitté à l’âge de 86 ans. Son surnom lui avait été attribué suite à une distinction qu’il avait obtenue en 1977.

Un prénom, un nom et un surnom. Dans les nécrologies publiées après le décès de Silvio Berlusconi, l’ancien Premier ministre d’Italie, le 12 juin, le mot « Cavaliere » est souvent associé à son nom. Ce surnom a accompagné la longue et complexe carrière politique de ce magnat des médias, figure emblématique de la droite italienne depuis les années 1990. Comment a-t-il hérité de ce surnom, qu’il a assumé pendant plusieurs décennies? Franceinfo se penche sur l’histoire d’un surnom qui a marqué la politique italienne.

Il faut remonter aux années 1970, époque à laquelle Silvio Berlusconi n’est pas encore homme politique, mais déjà un entrepreneur milanais prospère. Dans la capitale lombarde, il a fait fortune dans l’immobilier en construisant de nouveaux quartiers au cœur de la périphérie milanaise avec sa société Edilnord, fondée en 1963. Le fleuron de cette entreprise est la création du quartier résidentiel Milano 2.

« Il Cavaliere » à la conquête du monde politique

Ce projet urbain lui vaut le titre de Chevalier de l’ordre du mérite et du travail, « Cavaliere del Lavoro » en italien. Cette distinction, qui récompense les citoyens « qui se sont rendus particulièrement méritoires » « dans l’agriculture, l’industrie, le commerce, l’artisanat, le crédit et les assurances », lui est attribuée par le président de la République de l’époque, Giovanni Leone, le 2 juin 1977. Le cavalier est en selle.

Dans les années 1980, l’empire de Silvio Berlusconi s’étend avec le développement de la télévision par câble, dont il est l’un des pionniers. Puis vient l’entrée en politique avec, en janvier 1994, la création de son propre parti, Forza Italia. Dans un pays où les dirigeants ont souvent des surnoms, celui d' »Il Cavaliere » convient parfaitement à celui qui devient président du Conseil pour la première fois en mai 1994. Ce surnom a aussi une connotation politique: au début des années 1990, l’Italie est le théâtre d’une importante opération judiciaire, « Mani pulite » (Mains propres), visant des dirigeants italiens soupçonnés de corruption. La figure du chevalier apparaît alors comme idéale pour tourner la page de ce scandale.

Un titre jamais perdu

Les années passent, Silvio Berlusconi reste une figure incontournable de la politique italienne, et le surnom persiste. Plus que ses autres surnoms, comme « le Caïman » ou « Sua Emittenza », un jeu de mots entre « éminence » et « émetteur », « Il Cavaliere » représente parfaitement celui qui s’accroche au pouvoir comme le cavalier à sa monture. Mais le tournant des années 2010 vient percuter la trajectoire du Milanais, de plus en plus inquiété par la justice. L’affaire du Rubygate, qui éclate en 2009, lui vaut une condamnation en 2013 pour incitation à la prostitution de mineure et abus de pouvoir, condamnation annulée deux ans plus tard. En 2013, Silvio Berlusconi est également définitivement condamné pour fraude fiscale. Il décide en mars 2014 d’abandonner le titre qu’il avait reçu en 1977 et de quitter l’ordre du mérite et du travail.

Cela signifie-t-il pour autant la fin du jeu pour « Il Cavaliere »? Pas vraiment. Comme plusieurs médias italiens l’ont souligné à l’époque, cette distinction honorifique ne peut être retirée que par le président de la République. À l’époque, Giorgio Napolitano choisit de conserver le titre de l’infatigable Milanais. Ce dernier aura marqué la politique italienne jusqu’au début des années 2020, affublé d’un surnom qui ne l’a jamais quitté.