S’il est vrai que son statut en tant qu’inventrice de la minijupe a été l’objet de plusieurs controverses, notamment avec le styliste français André Courrèges, la créatrice britannique a indéniablement joué un rôle majeur dans la diffusion à travers le monde des tenues ajustées et de longueur réduite.
La créatrice de mode londonienne Mary Quant est décédée jeudi 13 avril 2023 dans le Surrey (sud de l’Angleterre) à l’âge de 93 ans. Figure emblématique des « Swinging Sixties », elle a révolutionné la mode en popularisant la minijupe, le maquillage coloré et les collants à motifs.
Mary Quant, avec sa célèbre frange brune sculptée par Vidal Sassoon, est devenue l’une des créatrices de mode les plus célèbres du Royaume-Uni. Parmi ses créations, on trouve le short (« hot-pants »), les imperméables en plastique, le maquillage « boîte de peinture » et le mascara waterproof. Une exposition lui avait été consacrée en 2019 et 2020 au Victoria and Albert Museum de Londres.
Propriétaire du célèbre « Bazaar » de Londres
Née le 11 février 1930 à Londres, Mary Quant commence sa carrière dans la mode avec son futur mari, Alexander Plunket Greene. Elle est d’abord attirée par le style vestimentaire excentrique du jeune étudiant qu’elle rencontre sur les bancs de la faculté des arts Goldsmiths, à Londres.
En 1955, ils ouvrent ensemble, avec un ami, leur première boutique, « Bazaar », dans le quartier animé de Chelsea. La boutique de vêtements et accessoires ainsi que le restaurant situé en sous-sol deviennent rapidement un lieu de rencontre pour les jeunes et les artistes, accueillant des célébrités telles que Brigitte Bardot, Audrey Hepburn, les Beatles et les Rolling Stones.
« Dégoûtant ! »
Mary Quant crée des robes et des jupes courtes avec des lignes simples et des couleurs vives qu’elle présente de manière amusante et extravagante dans les vitrines de la boutique. Elle écrit dans son autobiographie de 2012 : « Les messieurs en chapeau melon frappaient sur notre vitrine avec leurs parapluies en criant Immoral ! Dégoûtant ! à la vue de nos minijupes sur les collants, mais les clients affluaient pour acheter ».
La boutique située sur King’s Road devient un lieu de défilé pour les filles en minijupes dans une atmosphère de fête permanente, typique du « Swinging London » dont Carnaby Street à Soho est un autre point névralgique. Fort de son succès, la créatrice de mode ouvre un second magasin londonien, collabore avec la chaîne américaine de grands magasins JC Penney et lance une ligne de vêtements accessible à tous appelée The Ginger Group.
Une mode excentrique et ludique
Mary Quant, adepte des formes géométriques, des pois, des contrastes de couleurs et des jeux de matières (comme le PVC), promeut une mode ludique et accessible. « Il se trouve que mes vêtements collaient exactement avec la mode adolescente, avec la pop, les bars à expresso et les clubs de jazz », commentait-elle dans « Quant by Quant », sa première autobiographie parue en 1965.
« Elle s’est trouvée au bon endroit au bon moment », expliquait Jenny Lister, commissaire chargée de la mode au Victoria and Albert Museum, lors d’une exposition en 2019. « Elle avait un comportement intrépide et pouvait faire les gros titres, en parlant de manière provocante de sexualité et de sa vie privée ».
Des idées qui n’ont pas vieilli
Mary Quant vivait dans le Surrey (sud de l’Angleterre) où elle s’est éteinte et ne faisait que de rares apparitions publiques. Elle laisse derrière elle un fils, Orlando, et trois petits-enfants. Elle avait vendu en 2000 sa société de cosmétiques, dont le logo, une fleur, est resté sa marque de fabrique, à des investisseurs japonais. Lorsqu’on l’interrogeait pour ses 80 ans, elle exprimait une certaine nostalgie pour « l’effervescence et l’innovation » du Londres des années 1960, mais jugeait aussi qu’il était « merveilleux d’être une femme à l’heure actuelle ».
« Une nouvelle espèce de superwomen est apparue », se réjouissait-elle dans son autobiographie. « Elles évoluent comme des athlètes et s’assoient comme des hommes, avec les genoux écartés. Leurs enfants prennent le nom de leur mère (…) Elles ont le contrôle ».