Un nouveau programme initié par la Sécurité Routière a vu le jour vendredi, afin de conscientiser les gens sur l’importance de l’utilisation de la ceinture de sécurité. Cependant, sur franceinfo, le vice-président de la Ligue contre la violence routière exprime son scepticisme quant à son efficacité et déplore que « peu de campagnes » soient évaluées.
« Lorsque la politique de sécurité routière diminue, les comportements se détériorent également », a déclaré le 23 juin sur franceinfo Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière. Une nouvelle campagne de la Sécurité Routière a été lancée le même jour pour sensibiliser au port de la ceinture de sécurité, avec le slogan « Avec la ceinture, attachons-nous à rester vivants ».
Pierre Lagache confirme que « beaucoup trop d’accidents se produisent encore parce que la ceinture de sécurité n’était pas portée ». Toutefois, il estime qu’il est nécessaire de s’attaquer aux « causes d’accidents graves : la vitesse, l’alcool, la drogue et de plus en plus les distractions au volant ». Cette nouvelle campagne est « un excellent exercice publicitaire » et « créatif », selon lui, mais il reste « sceptique » quant à son efficacité. « Pour le savoir, il faut évaluer », mais « très peu de campagnes sont évaluées », regrette-t-il.
Pourquoi ce relâchement sur le port de la ceinture de sécurité, selon vous ?
Selon Pierre Lagache, il existe une politique nationale peu rigoureuse, avec plusieurs reculs ces derniers mois sur des sujets tels que l’affaiblissement du permis à points pour les petits excès de vitesse, le contrôle technique des deux-roues motorisés ou l’arrêt des radars urbains. On observe traditionnellement qu’un relâchement de la politique de sécurité routière entraîne un relâchement des comportements.
Il est important de rappeler l’importance de la ceinture de sécurité ?
Il y a un problème, bien sûr. On observe encore beaucoup trop d’accidents où le port de la ceinture n’était pas respecté. C’est un problème, mais ce n’est pas une cause d’accidents. Cela aggrave les conséquences. Les causes d’accidents graves sont connues : la vitesse, l’alcool, la drogue et de plus en plus les distractions au volant, notamment l’utilisation du téléphone. Il est important de porter la ceinture de sécurité. On constate clairement un relâchement dans ce domaine.
Pierre Lagache rappelle également que « l’airbag ne résout pas tout. La ceinture de sécurité et l’airbag sont complémentaires. Il est essentiel de faire passer ce message ».
Pour autant, ce que l’on observe depuis une dizaine d’années, c’est une sécurité routière qui, en termes de résultats, n’évolue pas positivement.
La ceinture de sécurité réduit-elle considérablement la mortalité ?
On estime que des millions de vies ont pu être sauvées grâce à ce système qui n’est pas nouveau. Il a été inventé dans les années 1880 pour les taxis new-yorkais et mis en place en France il y a 50 ans. L’utilité de la ceinture est démontrée et incontestable. En revanche, il y a vraiment un relâchement qui doit amener à se poser des questions sur l’éducation continue. Il est probablement nécessaire de réaffirmer plus fermement certaines choses sur ce sujet.
Que pensez-vous de cette campagne qui utilise la chanson « Stayin’ alive » des Bee Gees et les pas de danse de John Travolta ? Cela vous semble-t-il efficace ?
Pierre Lagache affirme que « pour le savoir, il faut évaluer » et souligne que « très, très peu de campagnes de sécurité routière sont évaluées ». Il se dit sceptique quant à l’efficacité de cette campagne, bien qu’il la trouve « créative » et « intéressante ». Il estime qu’il est important d’évaluer les campagnes de communication menées.
Est-ce que le mannequin qui traverse le pare-brise est plus efficace pour permettre une prise de conscience ?
La réalité de la violence routière à travers un choc marque les esprits. Les crash-tests, les simulations de chocs et l’accès à une voiture renversée, par exemple, permettent de prendre conscience de certaines choses. L’impact des chocs est souvent sous-estimé. Il y a vraiment un rapport très important sur la question de la vitesse et des conséquences en matière de sécurité routière.
Pierre Lagache rappelle que « en ville, un choc à 50 km/h avec un piéton a 80% de chances de tuer celui-ci. À 30 km/h, c’est l’inverse ».