Bac 2023 : Insuffisance d’aides aux enfants handicapés, dénoncent parents et associations

Pendant que les ultimes tests du baccalauréat ont lieu dans les prochains jours, les parents des étudiants « dys » ainsi que les organisations soutiennent que les dispositifs d’accompagnement sont insuffisants et critiquent une « contexte figée ».

Les élèves en classe de terminale sont dans la dernière ligne droite avant les épreuves du baccalauréat, avec la philosophie dès mercredi prochain. Les élèves de première préparent également l’épreuve de français (jeudi) et le grand oral entre le 19 et le 30 juin. Les jeunes souffrant de handicap ou de troubles de l’apprentissage, également appelés « dys », ont en théorie droit à des aménagements pour les aider lors des examens. Cependant, toutes les demandes ne sont pas satisfaites et les parents se sentent épuisés, tandis que les associations dénoncent le manque de réponse du gouvernement.

« Un effort surhumain pour tenir »

La fille de Naoual, à Lille, est confrontée à plusieurs difficultés, dont la dyslexie, des troubles de l’attention et de grands problèmes d’écriture. Naoual explique que sa fille écrit très lentement, tient mal son stylo, a mal aux doigts et au poignet et doit fournir un effort considérable pour continuer à écrire. La douleur devient si intense qu’elle finit par lâcher le stylo et doit consulter un médecin pour un traitement et une attelle. Naoual compare cette situation à un marathon.

Pour les épreuves du baccalauréat, Naoual a demandé une assistance : une personne pour écrire à la place de sa fille, car sans cela elle ne pourra pas réaliser la dissertation de philosophie mercredi pendant quatre heures. Cependant, elle est toujours sur liste d’attente.

Naoual confie à franceinfo : « Vous êtes face à un mur parce que c’est un handicap invisible. Il y a un déni, on ne veut pas voir que ces enfants sont en souffrance ainsi que leurs parents, qu’on est démunis. »

Naoual ajoute : « J’ai de la peine pour elle parce qu’elle se bat et en fait, ils n’entendent rien. Ces enfants finissent par s’isoler, par s’enfermer, ils n’ont plus confiance en eux. Ils pensent qu’ils ne sont rien, qu’ils n’arriveront à rien. C’est le constat amer que j’ai aujourd’hui du système éducatif qui ne prend pas en compte tous les enfants, les élèves, dans leur diversité, leurs différences. C’est un préjudice pour l’enfant, pour les parents parce que c’est anxiogène et c’est chronophage. Et franchement, on n’a pas que ça à faire. »

La Fédération française des Dys dénonce une maltraitance

Le rectorat de Lille a proposé un ordinateur pour l’épreuve, mais la mère de l’élève affirme qu’il est trop tard : on ne change pas sa manière de travailler juste avant un examen. Selon la Fédération française des Dys, des situations similaires se produisent partout en France. Valérie Vignay, responsable de l’association, se dit désemparée : « Les familles sont désespérées et nous, on ne sait même plus comment les accompagner. On a encore eu une réponse négative hier. Donc, là, on est vraiment dans une situation d’incompréhension. Moi, je suis totalement dépitée. C’est la première fois que je vois une situation aussi bloquée. C’est navrant. Nous qui sommes sur le terrain, on ne sait plus quoi faire. Franchement, ça suffit cette maltraitance ! »

L’association déplore également le manque d’homogénéité sur le territoire, certaines académies étant moins enclines à fournir un accompagnement que d’autres. En 2022, environ 71 000 jeunes ont bénéficié d’un accompagnement pour le baccalauréat, qu’il s’agisse de temps supplémentaire, d’aide technique ou humaine.